Mercredi soir, les portes ont affiché complet au Moulin, à Marseille. Et pour cause,
Bunny Wailer,
Third World, Mystic Revelation of Rastafari et
Capleton se partageaient l’affiche pour la tournée « Made in Jamaïca ».
Les Mystic Revelation of Rastafari ont démarré le show à l’heure et rapidement, chacun s’est laissé emporter par le rythme des percussions nyabinghi. Il y a du monde, un bon jeu de lumières, et il fait chaud. Les instants sont magiques, bercés par ces sons de flûte et de tambours envoûtants. Les Mystic maîtrisent leur prestation, usant d’une musique lancinante, chaleureuse et intime. Ensemble, ils semblent fiers d’appartenir au mouvement rasta. En interprétant leurs grands succès, ils rendent un véritable hommage à leurs origines africaines et aux préceptes rasta. En prônant de nombreux « peace and love », on ressent une grande générosité de ce groupe né dans les années 1940. C’est au bout d’une heure de spectacle que les Mystic Revelation of Rastafari s’en vont, laissant les spectateurs sereins, inspirés et plein de bonnes vibes ! Mais le show est loin d’être terminé…Le temps de passer quelques bons tunes d’Israël Vibration, de préparer la scène, et
Third World débarque sur scène.
Formé en 1973, ce groupe de légende a ouvert ses portes à d’autres styles musicaux comme le funk ou le jazz. En entamant « Jah glory », il semble que toutes les générations confondues se retrouvent dans un style qui est propre aux jamaïquains. Le son est concluant. Entrecoupant leurs chansons par quelques « we love you »,
Third World amène encore plus de chaleur à la salle pleine. Stars internationales d’hier et d’aujourd’hui, les
Third World enchaînent avec le big tune « Satta Amasa Gana ». Cette version des
Abyssinians a toujours rencontré un grand succès. Chacun semble alors ailleurs, emporté par ces douces mélodies, ces voix. Evidemment, ceux qui firent les premières parties de
Bob Marley and the
Wailers en 1975 n’hésitent pas à interpréter leur célèbre « 96 degrees in the shade ». Tiré de l’album du même nom qui les a définitivement fait entrer dans l’histoire du reggae en 1977, le fameux titre est repris en chœur par la salle entière.
Idem pour « Now that we’ve found love ». Si les
Third World ont par la suite un peu délaissé le reggae pour des sonorités plus funky, soul ou R’n’B, leurs reprises des célèbres « Crazy baldheads » ou « Get up stand up » de
Bob Marley comblent chacun. C’est sur cet hommage aux titres de Bob qu’ils nous quittent.
Les lumières s’éteignent à nouveau et là, une véritable ovation est attribuée à celui qui partagea son adolescence au côté de
Bob Marley (son père vivait avec la mère de Bob). C’est avec lui et
Peter Tosh que les trois amis fondent The
Wailers. Vêtu de blanc,
Bunny Wailer démarre un show spectaculaire avec « Simmer down ». Agé de 60 ans, il bouge avec une incroyable mécanique et une énergie à faire pâlir les plus jeunes. De « Rude boy ska » à « Hypocrite », en passant par « Rule dancehall », lui et ses musiciens démontrent leur professionnalisme et leur amour pour le reggae. Lorsqu’il entame le célèbre titre « Trenchtown rock », le public est en délire, reprenant à tue tête chacun des refrains. La communication semble être parfaitement établie entre le chanteur et ses spectateurs euphoriques. Viennent ensuite les fameux « No woman no cry », « One love » et autres titres légendaires des
Wailers, interprété avec beaucoup d’émotions. Après avoir parlé de ganja,
Bunny Wailer interpelle son public : « Si
Peter Tosh avait été là, qu’aurait-il dit ? » Evidemment… « Legalize it » ! Au bout d’une bonne heure d’émotions fortes et de plaisir partagé,
Bunny Wailer s’efface pour nous laisser avec un large sourire.
Alors que chacun a sauté, dansé et chanté depuis plus de trois heures, le virulent
Capleton sait puiser toutes les énergies pour continuer une soirée magique. Avec deux invités de la David House,
Capleton explose sur scène. En interprétant « That day will come » et « Jah jah city », il embarque la foule dans sa foi, son combat et sa virulence. Celui qui prône sans cesse « more faya » (le feu) est doté d’un charisme certain. Louant des hommages au mouvement Rasta et tourné vers la communauté des Bobo Ashanti,
Capleton joue ses titres « Or wah » ou « Steppin’up » avec l’immense participation du public à chaque refrain. Débordant de vivacité, de détermination et de conviction, le célèbre artiste dancehall interprète « In your eyes » et « Mashing up the earth ». En expliquant que c’est aujourd’hui l’anniversaire de sa mère,
Capleton, vêtu d’une large tunique bleu marine et or semble mettre toutes ses tripes dans son spectacle, en faisant des (trop) pull up sur chaque tune. La seule déception peut-être serait de ne pas le voir sur scène interpréter sa dernière chanson.
Si le film documentaire « Made in Jamaïca », à l’origine de la tournée, est aussi bon que le live, cela promet d’agréables moments…