Le 18 juin, c'est le jour où traditionnellement un appel à la légalisation est porté par les différents collectifs qui défendent cette cause. Né d'un manifeste pro-légalisation signé dans Libération le 18 juin 1976, cet appel est communément nommé l'appel du 18 joint en référence - vous l'aurez compris - à l'historique appel du 18 juin du Général de Gaulle.
À cette occasion, on vous a préparé une sélection de Big Tunes consacrés à l'herbe à consommer sans modération !
Max Romeo - My Jamaican Collie
Si les Gaylads chantaient les mérites des femmes jamaïcaines en 1971 (My Jamaican Girl), Max Romeo semblait préférer la weed malgré son pseudo de charmeur. L'auteur du tube War Ina Babylon chipe aux Gaylads leur mélodie et remplace les filles par la ganja en 1973 sur My Jamaican Collie. "J'ai voyagé partout dans le monde et j'ai fumé plein de variétés d'herbes. Mais de toutes les weeds que j'ai fumées, c'est celle que je préfère. C'est mon herbe jamaïcaine". La Jamaïque semble donc abriter la meilleure weed et les plus belles femmes du monde si l'on en croit nos artistes reggae. Deux raisons de plus d'aller visiter l'île...
Peter Tosh - Legalize It
Legalize It est le titre phare de l'album du même nom, sorti en 1976. Le premier album de Peter Tosh en solo. Une partie des Wailers n'est quand-même jamais loin puisqu'on retrouve Tyrone Downie, Al Anderson ou encore Carlton Barrett aux crédits. Le tune restera à jamais gravé dans l'histoire comme le symbole de l'attitude provocatrice de Peter Tosh. Le Stepping Razor, comme il se faisait surnommer, aura même l'audace d'allumer un spliff sur scène lors du fameux One Love Peace Concert en 1978 en apostrophant directement les deux leaders politiques Seaga et Manley. Un geste et un discours qui lui vaudront un passage à tabac par la police... Car Tosh ne réclamait pas seulement la légalisation de la marijuana ; il faisait également la promesse d'en faire la promotion. La provocation jusqu'au bout ou tout simplement une forme d'assomption sans faille ? Nous, on penche pour la deuxième option.
Black Uhuru - Sinsemilia
"I've got a stalk of sinsemilia growing in my back yard !" Michael Rose avoue en musique et sans honte cultiver de la marijuana et livre avec Black Uhuru un énième hymne à la ganja avec ce Sinsemilia, classique indémodable. Nous sommes en 1980 et Black Uhuru est en train de vivre sa période la plus productive tandis que le reggae est en pleine période charnière. Le son de Channel One prend le dessus et le reggae roots s'aventure dans des sons plus lourds, plus profonds. Sly & Robbie sont les responsables de ce puissant basse-batterie typique du roots des années 80 qui prend tout son sens sur ce Sinsemilia. Michael Rose, au lead vocal, y expose tous les bienfaits de son herbe préférée et Duckie Simpson et Sandra Puma Jones accentuent ses propos de leurs harmonies plaintives. Un moment de grâce agrémenté d'une petite dédicace à Peter Tosh en fin de morceau, lui qui a souvent été persécuté à cause de son combat pour la décriminalisation de la marijuana.
Peter Broggs - International Farmer
L'hymne par excellence de tous les cultivateurs de ganja. Peter Broggs fut le premier artiste à signer sur le label américain Ras Records. Son hit International Farmer aura droit à deux versions, chacune présente sur des albums distribués par Ras Records. La version originale date de 1982 avec les Roots Radics au backing band, sur l'album Rastafari Liveth. Très épurée, sans artifice, cette version est un véritable roots killer qui aura droit à une deuxième jeunesse dans les années 2000 avec le riddim reboosté par les Français de Furybass qui feront notamment poser Million Stylez avec le brûlant Move From On Yah (autre ganja tune très réussi). La deuxième version est présente sur l'album Rise And Shine, sorti en 1985. Cette fois, ce sont les Wailers en personnes qui se chargent du riddim. Le mix est plus précis, les arrangements et harmonies plus travaillés et le résultat tout aussi convaincant.
Triston Palmer - Joker Smoker
"Dem a joker smoker !" En 1982, Triston Palmer fustige les faux fumeurs, ceux qui ne veulent pas acheter de weed, mais qui viennent sans cesse en quémander à leurs amis. "Tu leur donnes de la sensi, ils te demandent une feuille. Tu leur donnes une feuille, ils te demandent du feu." Un classique du early dancehall produit par le deejay Jah Thomas, orchestré par les Roots Radics et enregistré à Channel One à l'époque où les techniques d'overdubs se développent de plus en plus. Triston Palmer lui ne semble pas être un joker smoker puisqu'il pousse la plaisanterie jusque sur la pochette de l'album qui porte le même titre où son nom est inscrit sur des paquets de feuilles à rouler !
Mighty Diamonds - Pass the Kouchie
Les ganja tunes sont nombreux dans l'histoire du reggae. Mais celui-ci fait partie des plus célèbres. Pass the Kouchie (littéralement "passe la pipe") a été enregistré par les Mighty Diamonds au début des années 80 au studio Channel One pour le compte du producteur Gussie Clarke. Un roots lancinant aux paroles presque humoristiques reprises quelques années plus tard par les Musical Youth, un groupe d'enfants chanteurs anglais. Les Musical Youth tranforment toutes les références à la weed en des allusions à la nourriture. Le "Kouchie" devient ainsi un "Dutchie", autrement dit une marmite en patois. La version juvénile devient un tube international et contribue bien sûr à faire connaître le morceau des Diamonds qui ne voient pourtant pas d'un très bon œil cette reprise. Le groupe jamaïcain ira même jusqu'à porter plainte contre Musical Youth pour plagiat. La justice leur a donné raison en 2012.
Michael Palmer - Smoke the Weed
Fume la weed oui, mais ne fume pas les graines ! Tout fumeur de joints qui se respecte connaît cette règle. L'odeur et le goût d'une graine brûlée fait vite passer l'envie d'en laisser traîner une dans son spliff. Ce n'est pourtant pas pour cette raison que Michael Palmer nous interdit de fumer les graines. Non, pour lui, on en a tout simplement besoin pour les semer et donner vie à de nouveaux plants de ganja. Argument recevable !
John Holt - Police in Helicopter
Sans aucun doute l'un des plus grands titres de John Holt, Police in Helicopter n'est pourtant pas ce à quoi le monsieur nous a habitués. Spécialiste du lover's rock et du rocksteady avec les Paragons, puis en solo, il signe un véritable hit early dancehall en 1983 avec ce Police in Helicopter produit par Henry Junjo Lawes sur son label Volcano. Les Roots Radics, LE backing band de l'époque, se chargent de jouer le riddim et la combinaison des deux est tout simplement somptueuse. Un hymne qui sera banni des radios et qui assurera un énorme succès à son auteur qui l'avait pourtant écrit en quelques minutes : "Un jour, je prenais l'avion pour aller de Montego Bay à Kingston. J'ai regardé par le hublot et j'ai vu tous ces hélicoptères et cette fumée qui venait de grands feux en bas. La police était en train de brûler des champs de marijuana. J'ai demandé un bout de papier et j'ai écrit la chanson en 15 minutes dans l'avion : « Police in helicopter. Searching for marijuana ». Et je disais : « Si vous continuez à brûler les champs de weed, on va brûler les champs de cannes à sucre ». Et le gouvernement a interdit la chanson car des gens de St Ann se sont mis à allumer des feux dans les champs de cannes à sucre. Ils ont pris cette chanson très au sérieux."
Chezidek - Leave the Trees
Chezidek est connu pour être un artiste proche de la nature. Malgré sa notoriété grandissante, il n'a jamais quitté ses montagnes natales et vit au milieu de la forêt, se contentant la plupart du temps de ce qu'elle lui offre. Il affiche ce mode de vie dans ce tube qui le révéla au grand public en 2004. Posé sur un recut du Chapter A Day Riddim de Jacob Miller, Leave the Trees est une ode à la ganja, mais pas seulement... Chezidek fait bien sûr référence aux nombreuses plantations d'herbe détruites en Jamaïque par les forces de l'ordre, mais il va au-delà de ça en rappelant au monde entier que les plantes sont des êtres-vivants. "Laissez les arbres tranquilles, laissez-les vivre. Vous ne voyez pas que vous détruisez l'environnement". Avec des lyrics simples, une voix cristalline et une mélodie reconnaissable entre mille, l'artiste de St Ann grave à jamais un message fort qu'il n'est pas inutile de se ressacer de temps en temps.
Alborosie - Herbalist
Nous sommes en 2006 et la planète reggae découvre un véritable OVNI : l'Italien Alborosie. Un Européen qui fait du reggae aussi bien que les Jamaïcains, on n'avait pas vu ça depuis Gentleman ! Herbalist est le premier hit de l'Italien installé en Jamaïque. Et quel hit ! Un ganja tune qui, au-delà de prôner la consommation de weed, glorifie carrément le trafic. Après tout, sans les revendeurs, les fumeurs n'auraient rien à se mettre dans les poumons... "Herbalist, High grade specialist. Import green stash, export green cash !" Le titre se retrouvera sur l'album Soul Pirate en 2008, un opus qui compile les meilleurs singles de l'artiste enregistrés depuis ses débuts et qui se positionne rapidement comme un classique. Définitivement l'un des meilleurs albums reggae de la première décennie des années 2000.
Protoje & Wiz Khalifa - A Vibe
Protoje - Weed & Ting
Plus récemment, dans son dernier album In Search Of Lost Time sorti en 2020, le jamaïcain Protoje partage son amour pour le cannabis avec le rappeur américain Wiz Khalifa, dans un titre intitulé A Vibe. Et comme un ganja tune dans son album n'était pas suffisant, il en rajoute un couche avec l'excellent Weed & Ting.
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