Wayne Smith ou la révolution digitale
Roots 3

Wayne Smith ou la révolution digitale

5 Décembre 2024

Aujourd'hui, Wayne Smith aurait eu 59 ans, l'occasion de rendre hommage à ce pionnier du reggae digital.

Wayne Smith est synonyme de Sleng Teng. Peu d'artistes peuvent être ainsi assimilés à un seul single, c'est le cas pour celui-ci. Le 1er cut de reggae digital est considéré comme ayant été enregistré par Wayne Smith, et quel cut ! Mais avant de se concentrer sur ce morceau mythique, revenons à ses débuts.

Il commence sa carrière aux côtés de Prince Jammy à la fin des années 1970. Les singles sont rares mais de très bonne facture. On retient surtout Life Is A Moment In Space et Ain't No Life Without You extraits des deux premiers albums de Smith. Jammy produit 10 cuts sur le 1er opus Youthman Skanking, enregistré et mixé chez King Tubby et Channel One en 1982. Un excellent album roots mixé à merveille par le Prince qui n'allait pas tarder à monter sur le trône...



En 1984 Wayne partage les credits avec Patrick Andy (imitateur de Sugar Minott) sur le Showdown Volume 7, une série initiée par J J. Hookim de Channel One qui consistait à mettre un artiste naissant par face. Une très bonne idée qui engendre une magnifique collection de singles réunis, dont quatre titres qui conforterons Wayne dans sa célébrité.



Toujours en 1984, un mini synthé ramené des Etats-Unis par les Wailing Souls se retrouve dans le studio de Jammy. Le claviériste Noel Davy découvre avec son ami Wayne Smith une version démo sur le petit clavier. Ils ralentissent le pre-set et le présente à Jammy. Une cuisine entre les trois artistes s’opère pour arriver au cut final de ce qui allait devenir l’un des morceaux le plus révolutionnaires du reggae: Under Me Sleng Teng posé sur le Sleng Teng Riddim. Mais bien que Jammy ait mixé le cut, il le met de côté, telle une bombe à retardement. Cette arme fatale est alors judicieusement cachée. Et quand le désormais légendaire clash entre Jammy et Black Scorpio commence, personne ne se doute qu'il s'apprête à assister à une veritable révolution musicale qui va changer le cours du reggae. Jammy commence à s’essouffler quand il se décide à sortir son arme secrète, telle la Grosse Bertha. Le premier passage du Sleng Teng a un effet dévastateur pour Scorpio, couronne Jammy roi et fait de Wayne Smith le chanteur de reference ! Le désormais King Jammy tire tous les bénéfices de cette attaque musicale et Wayne retourne en studio pour peaufiner l'album qui se doit de sortir au vu du succès récent. Rien d’étonnant à ce que l’album en question s’appelle Sleng Teng, le premier dans son genre à être enregistré sans musiciens et entièrement programmé sur ordinateur, ce qui donne le caractère et le non digital à ce type de productions.



A la même période, Wayne sort l'excellent album roots Smoker Super chez Jammy ainsi que le single It Gets Me Stronger sur le Tempo riddim. Il enregistre très rapidement un autre album pour Jammy, Wicked Ina Dancehall, moins bon que son prédécesseur mais tout de meme de qualité. Cela ne l’empêche pas d'enregistrer le terrible maxi No Puppy Love paru chez RAS(USA)/Greensleeves(UK) et représsé en 2005 en 7", une perle à la face B dévastatrice (sur le maxi original uniquement...). Il s'exile ensuite à New York et travaille avec Steelie & Cleevie ainsi que Ranking Joe. Bizarement, rien d'autre ne sort sous forme d'album, seuls des singles ici et là l’empêchent de sombrer dans l'oubli. En 1995, il cut Morning News, une nouvelle version sur le Sleng Teng sauce Jammy revival 95. En 2000, il sort My God, My Savor sur le Almighty riddim (Pan Beat). On le croise à l'occasion dans des sounds et a sejourné en France en 2004 où il a posé sur des singles et autres dubplates. Il a crée son label au nom evident: Sleng Teng Records. Un bon chanteur de la trempe d'Hugh Mundell, Junior Reid ou encore Michael Rose. Il est apparu sur nombre de compilations et demeure aussi reconnu pour ses qualités de musicien. Le 1er mars 2014, Wayne Smith est programmé à l'occasion du Spring Reggae Fest organisé par Irie Ites au Mans. Malheureusement, l'artiste décède brutalement le 17 février de la même année, laissant tous les fans de reggae orphelins de l'un des pionners du reggae digital.

Par La rédaction avec Meex et Ju Lion
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