Reggae Sun Ska 2008
concert Roots 0

Reggae Sun Ska 2008

Le Reggae Sun Ska ouvrait sa onzième édition les 1er et 2 août 2008 et Reggae.fr, comme chaque année était venu en force pour vous ramener des photos, des vidéos et des bonnes vibrations. Il faut vous dire que tout n’avait pas forcément bien commencé pour une partie de notre équipe partie de Nice et obligée de changer de voiture en cours de route, preuve s’il en est que nous n’aurions pas raté ce festival qui, avec le Garance, est l’un des deux plus anciens en France. L’une des particularités de ce festival est, depuis ces débuts, d’envisager le reggae de manière très large ce qui permet d’obtenir des affiches éclectiques qui, si elles déroutent certains puristes du reggae, ravissent les oreilles des amateurs de musique de manière générale. Cette année, les programmateurs ont habilement réunis des légendes de la musique ska/reggae et de nouvelles voix qui s’imposent au fil des ans. Le festival a ainsi laissé de la place aux styles musicaux fondateurs du reggae: soul, ska, rocksteady, early reggae (avec notamment Derrick Morgan et le jeune Bitty Mc Lean). Il a également permis à plusieurs pays (Jamaïque, France, Nigéria, Italie et surtout cette année : l’Angleterre) d’être représentés.

 

 

 

Arrivé de bonne heure, nous avons pu apprécier les derniers réglages et mises en place du festival piloté par Music Action. Malheureusement, nous avons pu apprendre aussi que Midnite ne serait pas là, prétextant un ratage d’avion qui en a déçu plus d’un. Par chance, on n’a jamais trop le temps de se plaindre au Sun Ska car le groupe The Beat débute son show avec un ska énergique et positif qui ravit les premiers arrivants. Victime des changements de programmations, le groupe a eu la lourde tâche d’entamer le Reggae Sun Ska alors que les festivaliers étaient loin d’être tous arrivés. Ce fut pour nous un grand plaisir de pouvoir danser devant ce groupe légendaire du Ska Revival (style musical anglais né en 1978 en hommage au ska jamaïcain et principalement représenté par Madness, The Bad Manners, The Specials, The Selecter). Reformé depuis 2003 (sans le deuxième chanteur de l’époque: Dave Wakelling) The Beat chante ses principaux titres: Mirror in the Bathroom, Save it for Later, She's mine, Stand Down Margaret,… Le chanteur, Ranking Roger, a présenté au public son fils, tout aussi talentueux dans un style hip hop.

 

 

Ce qui est bien au Sun Ska c’est que contrairement au SummerJam, les prestations des artistes ne se chevauchent pas. C’est donc autour d’Alborosie d’enchaîner avec son show rodé. Il laisse ses deux choristes ouvrir son concert avec en particulier la voix soul d’Aïsha qui impressionne sur le titre « My Life ». Après cette courte introduction, le chanteur sicilien arrive sur « Rastafari Anthem », le public n’est pas nombreux, il est encore tôt et les bouchons sur la route sont importants… Alborosie n’en a cure et malgré une voix fatiguée il distille ses morceaux avec explosivité. A tel point qu’au troisième morceau c’est le blanc total : La sono explose, plus rien ni son ni lumière. Cela fait sourire l’artiste qui repart de plus belle, une minute après, avec le retour à la normale. Sentant son public réceptif, il interprète un « Herbalist » plus ska que jamais et se permet ensuite de répondre aux propos racistes tenus par Eek-a-mouse lors du Carifest en Jamaïque. Il expose sa conception du reggae et remporte l’adhésion des spectateurs comprenant l’anglais (une minorité il faut bien le dire). Seule déception, l’artiste ne fait même pas un couplet complet de « Kingston Town », quittant la scène brusquement et laissant le public sur sa faim…

 

 

Au même moment, Sebastian Sturm propose un petit live acoustique aux VIP présents backstage. Le tout est bien sympa et montre la disponibilité du chanteur allemand que nous retrouverons le lendemain avec Kiddus I et Jahcoustix.
C’est au tour des Dub Pistols de succéder à Alborosie. Le monde arrive lentement mais sûrement au fur et à mesure que les embouteillages se régulent. Le combo anglais distille plusieurs titres reggae puis s’en va vers un dub assumé avant de se lâcher carrément sur des rythmiques drum & bass qui mettent en valeur leur MC Rodney P. C’est une des particularités du Sun Ska de varier les genres et avec les Dub Pistols on est servis.

 

 

Après ce set éclectique, le new roots est de retour avec le fils de Lee Perry, Omar Perry qui est backé par le Home Grown band. L’artiste est de plus en plus à l’aise sur scène. Il faut dire qu’Omar ne se contente pas d’être le fils de. Après avoir créé The Upsetter Juniors avec sa sœur et son frère dans les années 80, il a travaillé comme DJ en Gambie de 1996 à 1999 pour la Radio Nationale 1. Arrivée en Europe dès 2000, il a travaillé comme ingénieur du son et a commencé à se produire en toastant dans ses sounds systems. Le show est carré, le backing band assure, et le public apprécie les titres de Man Free, le premier album d’Omar : le titre éponyme évidemment, Coconut Woman, Rasta Meditation... Il chavire même quand, inspiré, Omar Perry se prend pour Damian Marley en reprenant Welcome to Jamrock. Seul bémol, la choriste n’est vraiment pas formidable…

 

 

Après ce bon show, on a droit à Zion Train sound system. Petit regret, l’absence de la chanteuse qui amène généralement un peu de douceur, ce qui rend la prestation du soir plus énergique avec des gros dub dansants, une bonne session dub steppa et une fin un peu limite sur de la techno tribe... Le public apprécie néanmoins et met quelques bons forward en particulier sur un très bon « War inna babylon », probablement hommage à Max Roméo, tête d’affiche du reggae Sun Ska. Ce qui est le plus notable, c’est que les Zion Train sont quand même venus avec une section cuivre alors que d’autres groupes se contentent de les jouer au… clavier.
Après cette aparté sound, voilà Bitty Mc Lean qui débarque ; lui aussi backé par le Home Grown Band. La transition n’est pas facile entre la « tribe » et le bon vieux son de l’artiste anglais mais Bitty se démène pour ramener le public vers une ambiance plus rocksteady. Ce lover est sans doute l’artiste qui a le plus marqué les festivaliers, ceux qui le connaissaient déjà comme ceux, plutôt amateur de Roots, qui le découvraient. Bitty est anglais et amoureux de la musique jamaïcaine. Il a longtemps travaillé comme ingénieur du son pour le groupe UB40 tout en se produisant dans des sounds systems. Depuis qu’un des membres de UB40, Ali Campbell, l’a poussé à enregistrer ses propres titres, et qu’il s’est fait remarquer par Sly and Robbie, Bitty Mc Lean enchaîne les hits. Sur son premier album (On the Bond Street), il nous avait proposé de se replonger aux bases de la musique jamaïcaine en interprétant des chansons qui trouvent leur inspiration dans les magnifiques Rocksteady produit dans les années 60-70 par Treasure Isle (label de Duke Reid). Le moins que l’on puisse dire est que Bitty Mc Lean est digne des légendes qu’il admire. Greg, particulièrement amateur de ska, a vraiment eu l’impression de voir Alton Ellis à 30 ans en train de chanter de sublimes et langoureux morceaux Soul et Rocksteady. Bitty Mc Lean a la même classe que ses aînés. Avec sa voix cristalline, il enchaîne « Walk away from love », « Baby Tonight », « It Keeps raining ». Les spectateurs apprécient et portent l’artiste en triomphe lorsqu’il se jette dans la foule (vous verrez la vidéo parle d’elle-même).

 

Après ce très bon show lover, on a du mal avec la transe d’Highlight mais le Sun Ska ne déroge pas à la règle de son éclectisme et il y a forcément des moments qui plaisent moins.
Heureusement, on finit la soirée avec les stéphanois des Dub Inc qui malgré l’heure et l’état d’un public fatigué vont réaliser une performance de tout premier rang. Le show est le même qu’au Summerjam et le combo alterne les titres de ses derniers albums. Les spectateurs jumpent de tous les côtés et même les plus sceptiques se voient obliger de reconnaître la maîtrise du groupe. Pas de souci pour les Dub Inc, même si la presse généraliste et certains sites spécialisés les dénigrent, le public reggae parle pour eux ! Il faudra compter avec eux de nombreuses années.

 

 

2ème soirée

Le deuxième soir du Reggae Sun Ska débute mal puisque c’est une pluie tombant drue pendant quelques instants qui nous accueille. Pas de quoi apeurer un public qui arrive plus nombreux et plus rapidement que le soir précédent.
Après la prestation d’Elijah (non pas le nôtre) et ses Dubby Conquerors, vainqueur du tremplin européen du Rototom, on se dirige écouter Keny Arkana. Il faut dire qu’on suit la jeune artiste depuis longtemps et que son remplacement de Collie Buddz était une bonne nouvelle tant l’artiste des Bermudes est habituellement peu convaincant sur scène. La rappeuse marseillaise est une des grosses révélations du festival dans la mesure où beaucoup d’amateurs de reggae, notamment chez les journalistes reggae présents backstage, restaient sceptiques quant à sa participation (ils se reconnaîtront). Force est d’avouer que la plupart ont été séduits puis conquis par sa prestation excellente. On regrettera juste la brièveté du show qui ne permet pas d’entendre tous les big tunes de l’artiste mais au vu du nombre de poings levés à la demande de la rappeuse, on comprend combien que son message est universelle. Son show débuté et clôturé par « Jme barre », où se sont succédés « he connard », « ils ont peur de la liberté », « Désobéissance », « La rue nous appartient », « Résistances » (un titre qui donne une saveur spécial à ce festival militant) est parfaitement rôdé. Quelle présence scénique et quel show. Le coup de cœur de la rédaction !

 

 

On reste dans le 13, puisque les Massilia sound system montent sur scène pour un show qu’ils annoncent comme étant le dernier du groupe. La mort de leur chanteur Lux B. n’est pas encore digérée et l’émotion transpire à chaque morceau du groupe. Mention spéciale pour le fameux « Oaï » sur lequel le public se déchaîne. Maximum respect pour ces vétérans du reggae qui dégagent toujours une belle énergie sur scène.

 

 

Au même moment Hélène Lee présentait 8 minutes de son film consacré au premier rasta : Leonard Percival Howell (film pour lequel elle cherche d’ailleurs des financements). Ces images étaient diffusées à la presse dans une camionnette transformée pour l’occasion en mini cinéma. En 8 minutes, Hélène Lee nous livre une somme impressionnante d’informations sur cet homme fondateur de la première communauté rasta (Le Pinnacle) et sur le contexte en ébullition de l’époque (les années 20-30), le tout accompagné par ses commentaires sur un ton monocorde. Elle a également répondu aux questions des journalistes présents captivés par les images. Le seul problème d’Hélène vient des difficultés qu’elle rencontre pour le réaliser. Courage Hélène, tu vas y arriver !
Derrick Morgan aka The King of Ska aka The Ruler aka Mister Skinhead reggae, débarque sur scène pour un show nettement meilleur que celui auquel nous avions assisté au Summerjam. Cette légende, qui fait partie des pionniers de la musique jamaïcaine, continue de se produire à bientôt 70 ans. En Gironde, sa prestation n’a pas manqué de panache. Le vétéran était accompagné par un excellent backing band créé pour l’occasion : The Double Three (avec notamment des membres des groupes bordelais : ASPO et Moon Hop). L’enchaînement de ses tubes (Tell me darling, In my heart, Rudies don’t fear, Don’t call me daddy,…) séduit et endiable le public et en particulier les skinheads et les rude boys venus skanker devant le représentant du Spirit of 69 (expression faisant référence à l’esprit des skinheads originels - Trojan Skin ou Skinhead traditionnel - pour qui l’année 1969 est une année de référence, jalonnées de sorties de hits Skinhead reggae). Derrick Morgan n’a d’ailleurs pas manqué de les inviter à exécuter le Moonstomp pendant son hit : Moon Hop.

 

 

Puis c’est au tour du Peuple de l’Herbe de monter sur scène. C’est noir de monde et le groupe lyonnais se lâche avec une belle prestation. Le groupe enchaîne phase hip hop, mix ragga, dans une mosaïque de sons et d’images urbaines (un gros bravo aux ingénieurs sons et lumières qui ont vraiment assuré pendant ces deux jours).

 

 

Après cette session jungle, hip hop, reggae, c’est au tour de la belle Nneka que vous avez découvert sur reggae.fr il y a déjà deux ans. La diva soul nigériane commence son show avec plusieurs de ses morceaux (« Africans », « Changes », « Heartbeat », « Death », « Focus », « Running Away »). Malheureusement le show dérape. Après l’incompréhension du public aux propos d’Alborosie répondant à Eek-a-Mouse succède une nouvelle incompréhension quand la chanteuse entame un discours engagé dénonçant l’exploitation de son pays par les grandes compagnies pétrolières. Le public ne réagit pas, certains excités trop alcoolisés crient quelques idioties et cela vexe la chanteuse qui quittera la scène quelques instants plus tard.
Après cette mini déroute, Sebastian Sturm, Jahcoustix (qui dira quelques mots en français) et le vétéran Kiddus I vont se succéder sur scène avant de jouer ensemble. Evidemment, Kiddus I que d’autres surnomment le one man gong (l’homme d’une seule chanson) chante son « Graduation in Zion » issu du film Rockers. Sebastian Sturm pose entre autres « Tell the Truth » et propose une bonne prestation (identique à celle de l’année dernière).
L’ambiance redescend d’un ton avec les Dynamics qui n’arrivent pas vraiment à mettre le feu malgré le fait que leur show soit quasiment constitué de reprises.
L’animation avait plutôt lieu backstage quand Max Roméo, tel une rock star, a tenté de faire arriver son car juste derrière la scène, ce qu’il n’est pas arrivé à faire à son grand désarroi. En revanche, il a remporté les suffrages du public en clôturant les deux jours de festivals avec ses légendaires « One Step Forward », « War inna Babylon » et « Chase the Devil ». Max Roméo, a même la bonne idée de nous proposer un retour aux sources en terminant son set (toujours aussi impeccable et envoûtant) avec le très entraînant titre : Jamaica Ska ("SKA, SKA, SKA, Jamaïca SKA").

 

 

Le Reggae Sun Ska se termine ainsi dans une ambiance festive. Les deux jours ont été un succès et on n’attend plus qu’une chose : vous montrer tout cela en vidéo très rapidement. Restez connectés.


photos (Stef, Souljah et WI)
textes (Greg, Souljah, WI)

 

 

Par nos envoyés spéciaux
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