Reggae et Football
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Reggae et Football

Ca y est ! Pour la première fois de son histoire la Coupe du Mond e de football a lieu en Afrique ! Et c’est l’Afrique du Sud qui aura l’honneur d’accueillir cet événement planétaire !


L’attente est d’autant plus longue que pour les fans de football, il n’y a plus grand choses à se mettre sous la dent depuis la finale de la Champions League ou l’Inter de Milan a battu le Bayern de Munich. A part quelques transferts, des images de Tignes, et des matchs amicaux sans grands intérêts il est difficile de ne pas s’impatienter. Alors histoire de ne pas trop trouver le temps long en attendant le coup d’envoi de cette compétition, revenons sur les relations qui lient ce sport à la musique reggae. Et même si ce jeu (car oui, même si beaucoup l’oublient, il ne s’agit que d’un jeu) ne vous passionne pas outre mesure, ne zappez pas trop vite. Les lignes qui vont suivre sont à prendre aussi comme informatives concernant la rencontre entre deux pans de la culture populaire jamaïcaine et mondiale.

Lorsque l’on associe reggae et football le nom qui vient à l’esprit en premier lieu est certainement Bob Marley. En effet, la légende du reggae avait, outre la musique et les femmes, une troisième passion, le football comme l’illustre cette vidéo :





Ceci étant, nous ne nous attarderons pas sur le sujet car d’une part il fait déjà l’objet d’un dossier très complet, publié il y a quelques années sur notre site :

Article Reggae.fr sur la passion du football de Bob Marley

Et d’autre part car il nous tenait à cœur d’essayer d’explorer d’autres horizons. Ceci nous amènera à proposer non pas un compte rendu formel de l’histoire qui lie ces deux disciplines mais plutôt comme une sélection de différents faits marquant les concernant.



Allez The reggae boys !


Pour commencer, restons sur les terres d’origine de la musique reggae pour nous concentrer sur l’équipe nationale jamaïcaine. En effet comment ne pas parler ici de ces joueurs que l’on appelle les Reggae Boyz et qui, malgré leurs piètres performances lors des différents mondiaux parviennent à entretenir l’espoir de tout un peuple. Sans entrer dans le détail de l’histoire de cette équipe, elle n’est arrivée en phase finale qu’une seule et unique fois, lors de l’édition 1998 dont tout le monde (du moins en France) connaît l’issue. Cependant se fût plus difficile pour les reggae boys que pour les hommes d’Aimé Jacquet, l’aventure des jaunes et noirs s’arrêta en effet dès le premier tour. Il faut dire que la tâche s’annonçait compliqué dans ce groupe H où la Jamaïque se retrouva en compagnie de l’Argentine, la Croatie et du Japon. Mais loin d’être ridicule, l’équipe créa la surprise dès leur premier match en égalisant juste avant la mi-temps face à la Croatie. Cela ne suffit pas pour autant et l’équipe s’inclina finalement 3-1. La suite fût encore plus dure face à la grande Argentine qui l’emporta assez logiquement 5-0. Les reggae boys ne se laissèrent pourtant pas abattre et quittèrent la France la tête haute en battant le japon deux buts à un. Petit résumé de ce match, seule victoire de la Jamaïque dans une phase finale de Coupe du Monde :



Cette qualification pour le mondial, même si elle se solda par une défaite au premier tour, suscita de l’espoir et de l’enthousiasme chez les supporters et ce jusque dans le milieu reggae. Notons par exemple la chanson du DJ anglais Macka B, Allez The Reggae Boys, qui encourage l’équipe jamaïcaine en s’exprimant, dans plusieurs couplets, dans la langue du pays organisateur à savoir le français :




Et ce n’est pas tout d’autres musiciens et chanteurs jamaïcains se sont rassemblés sur un morceau pour montrer leur soutien aux reggae boyz, parmi eux, Diana King, Maxi Priest, Ziggy Marley, Toots Hibbert, Buju Banton, Richie Stephens. Même si ce titre intitulé Rise Up n’est pas dans la plus pure tradition reggae, il traduit l’euphorie et la fête que peut générer le football. Il apparaît d’ailleurs comme l’hymne des jamaïcains pour ce mondial 98 :



En ce qui concerne la prochaine Coupe du Monde, les Reggae Boyz ne sont malheureusement pas parvenus à se qualifier pour la phase finale, malgré des matchs éliminatoires pas trop mal négociés. Leurs débuts explosifs contre Les Bahamas présageaient le meilleur. 7-0 à Kingston, lors du match aller puis 6-0 au retour, rien de tel pour engranger un maximum de confiance pour les matches de poules. Mais les rencontres à l’extérieures auront étaient fatales aux Reggae Boys qui après un match nul (1-1) face au Canada enchaînent deux défaites contre le Mexique (3-0) et le Honduras (2-0). Même si beaucoup plus performant lors des matchs retours, qu’ils parviennent tous à gagner, les jaunes et noirs échouent au goal-average et laisse leur place au Mexique, un peu plus régulier. Dommage car la communauté reggae s’étaient une nouvelle fois mobilisée pour encourager leur équipe favorite en composant un nouveau morceau intitulé We Come Again 2010.

The Liquidator ou comment un thème reggae devient un hymne football



La Jamaïque, avant son indépendance en 1962, était une colonie de la Couronne britannique ce qui encouragea certains jamaïcains à venir tenter leur chance en Grande Bretagne. Avec eux ils emportèrent nécessairement leur culture composée de nombreux éléments dont, bien évidemment, la musique. Cette musique s’immisça petit à petit dans les quartiers populaires anglais et séduisit de nombreux jeunes dont les Mods. Cette sous-culture vit le jour à la fin des années 1950 et comportait de nombreuses spécificités dont un look très particulier mais aussi un amour pour la musique et notamment les différents styles rassemblés sous le terme générique de musiques Noires comprenant la soul, le Rythm & Blues, le Jazz et les différentes musiques jamaïcaines.
Ces jeunes vont régulièrement danser sur leurs styles préférés dans différents clubs, dont les principaux se trouvent dans la capitale anglaise. Les Mods se trouvent donc de plus en plus en contact avec les jamaïcains qui fréquentent les même endroits et habitent les même quartiers. Les rude boys jamaïcains, qui ont également traversés l’Atlantique, vont amener, petit à petit, une partie de ce mouvement à se radicaliser pour donner naissance à la culture Skinhead. On ne parle pas encore ici des skinheads politisés qui n’arriveront que plus tard. Les membres de cette mouvance arborent un crâne rasé et les fameuses Doc Martens. En 1969 cette mouvance se répandra très vite dans l’ensemble du Royaume-Uni unissant blancs et noirs des quartiers populaires. Toujours fervents amateurs des musiques Noires et jamaïcaines ils contribueront grandement à populariser le reggae en Angleterre.
A cette même époque le football également devient incontournable en Angleterre. L’équipe nationale gagne la coupe du monde en 1966 et en 1968 Manchester bat le Benfica en finale de la coupe des clubs champions (actuelle Ligue des champions). Enchaînant trois buts en l’espace de six minutes au cours des prolongations, l’équipe met fin au règne du football latin. Les Skinheads deviennent des supporters passionnés le football entrant dans leur culture. L’écharpe de leur club préféré fera désormais partie intégrante de leur panoplie.
Comme nous le disions les Skinheads auront une influence sur la musique jamaïcaine si bien qu’un style portant leur nom verra le jour, le skinhead reggae. Les labels implantés sur l’île, sentant le filon commercial, sortent les singles en nombre et en fin d’année 1969 trois 45t du label Trojan apparaissent dans le Top 20 dont le Liquidator des Harry J All Stars qui atteindra la neuvième place des Charts anglais.




Cet instrumental entraînant parvient à faire émerger le skinhead reggae et devient vite un hymne pour tour les skinheads anglais. Son producteur Harry Johnson plus connu sous le nom d’Harry J connaîtra le même sort en devenant un acteur majeur du reggae roots des années 1970 enregistrant les meilleurs artistes de l’âge d’or comme The Heptones, The Melodians ou Dennis Brown.
Le morceau, malgré les années, reste toujours repris en cœur dans plusieurs stades anglais. Et comme les supporters de foot adorent se chamailler ceux des quatre clubs de West Bromwich Albion, Wolverhampton Wanderers, Chelsea FC et Wycombe Wanderers, se disent tous être les premiers à avoir chanté ce morceau pour encourager leur équipe. Nous ne trancherons en faveur de personne ici, ceci étant, la vidéo suivante démontre la ferveur qui anime certains supporters de Chelsea à chanter sur ce skinhead reggae :






Florent Malouda, joueur de foot et... activiste reggae




Que contient donc le lecteur MP3 des stars du ballon rond ?
Voilà une question qui peut se poser lorsque l’on regarde les joueurs descendre de leur bus luxueux, casque vissé sur les oreilles, avant une rencontre. Quelle musique peut donner l’air aussi serein à ces hommes qui dans les minutes suivantes auront des milliers (si ce n’est des millions) de paires d’yeux braquées sur eux. Sans compter les objectifs vidéo ou photo en tous genres et la pression financière qu’engendre, aujourd’hui, un match de football. En s’intéressant au cas Malouda on peut obtenir quelques réponses car s’il est un excellent joueur de football, le milieu de terrain de Chelsea est également un passionné de musique reggae. Et cela il nous la prouvé il n’y a pas si longtemps en organisant, dans sa Guyane natale, le premier One Love Festival. Rassemblant quelques belles têtes d’affiches, tels que Fantan Mojah, Jah Cure, Beres Hammond Luciano ou Wyclef Jean, le festival avait de quoi séduire les guyanais. En plus Floren avait eu la bonne idée d’inviter reggae.fr à couvrir l’événement dont vous avez pu suivre les différents reportages (sur le site mais également chez nos amis de Reggae Vibes pour lesquels nous avions écrits quelques lignes et pris quelques photos).
L’évènement s’est déroulé il y a presque un an puisqu’il eu lieu les 12 et 13 juin 2009 à Kourou dans... le stade local bien sûr. Deux scènes avaient en effet été installées sur la pelouse du stade Bois-Chabat à cette occasion. Et si la musique était au cœur du projet le football n’en n’était pas pour autant absent. A l’image de Wyclef Jean arrivant sur place vêtu d’un maillot de l’équipe de Chelsea un petit tournoi de foot à sept contre sept fut organisé au cours du week end. Et Lorsque l’on demande à la star de l’équipe londonienne pourquoi ce choix de programmation il répond :
« Je suis un grand amateur de musique, et c’est une passion que j’ai envie de partager. De plus, je pense qu’un festival de cette envergure peut être un moyen de faire parler différemment de la Guyane. Attirer des pointures internationales peut entraîner une médiatisation internationale différente. J’aimerais beaucoup qu’on parle de chez moi autrement que « l’enfer vert » ou le « far west ». Nous sommes idéalement placés, et en même temps, nous sommes d’une certaine façon enclavés. »



C’est donc pour redorer l’image de sa Guyane natale et en attirer les yeux sur elle d’une autre façon que Malouda a envisagé ce projet. Ceci étant, il précise également qu’une partie des recettes du festival sera reversée à deux associations L’Amapo qui travaille avec les jeunes du département et Aides Guyane la branche guyanaise de l’organisation agissant contre le SIDA.
Belle initiative donc pour cet excellent joueur qui, espérons-le, nous réserve encore de belles surprise avec sa One Love Foundation. Ce qui est sûr c’est que nous nous rappellerons de cette partie de foot sur la plage où Jah Cure et les membres de son staff ont essayé de taquiné la balle contre des locaux et qu’ils ont ramassé une sacrée défaite. N’est pas Bob Marley qui veut.
Pour finir, si, comme nous le disions, Malouda est un très bon joueur de football, il l’a d’ailleurs prouvé sur scène en face de Fantan Mojah,




Il n’a pas hésité à s’essayer au chant, toujours en compagnie de Fantan.




Seeed ouvre le mondial en 2006



Pour revenir un peu à ce qui a motivé cet article, à savoir le début quasi imminent de la prochaine coupe du monde, intéressons nous au dernier millésime en date, Allemagne 2006. Cette édition fut assez riche en émotions car, outre l’arrivée en finale de nos Bleus nationaux et le coup de tête de Zidane qui scotcha, à l’instar de Materazzi, une bonne partie des supporters français, notons que l’ouverture de ce mondial fut assurée, en partie, par un groupe reggae dancehall.
En effet, retransmise et suivie par des millions de téléspectateurs dans le monde entier, la cérémonie, qui se tenait dans le stade de Munich, a vu se produire sur scène en compagnie de dizaines de danseurs, la formation allemande Seeed.




L’évènement était de taille puisque même si ce n’est pas le morceau le plus roots qui soit, ce reggae dancehall présente au monde entier une musique qui reste trop souvent absente des grands médias. Les responsables de la cérémonie n’ont donc pas hésité à présenter au monde ce groupe qui se place alors comme représentant d’une partie de la culture allemande.
Pour un peu plus d’images sur l’évènement et pour nos amis germanophones :




Et nos artistes français dans tout cela ?
Bon oui, d’accord, on est pas super bien parti pour remporté notre seconde coupe du monde même si Florent Malouda est enfin devenu titulaire de l’équipe de France. Cela n’empêche pas le milieu du reggae d’être passionné par le ballon rond. Petit aperçu !
J’en parlais encore le mois dernier avec Mike des Sinsémilia, qui s’était pris un mauvais tacle à la suite duquel il s’était tordu le dos, ce qui l’obligeait à marcher lentement. Ca tombait mal car il était en plein tournée triomphale avec son groupe un peu partout en France. Rassurez-vous, sur scène il a gardé toute son énergie, on dirait un jeune homme de 20 ans quand il jumpe ! C’ets en descendant de scène que c’est plus dur. Dans un genre un peu mois gai on se rappelle de Janik qui s’était cassé la jambe lors d’un match de foot juste avant son album « T’inquiète », ce qui avait causé l’annulation de la tournée promotionnelle. Heureusement que Janik est fataliste et qu’il a bien encaissé le coup car ce manque de chance a quand même un peu plombé la sortie de cet album qui était excellent !
Plus joyeux, notre chouchou Tiwony vient de ressortir son Big Tune « Mouille le Maillot » version coupe du monde, un anthem qu’on aimerait plus entendre dans les médias généralistes car le morceau est un hit en puissance :




Enfin autre belle initiative, nos potes de One One One viennent de sortir une édition limitée de leur tee-shirt Afreeca ! L’idée est de célébrer la toute première édition africaine de la coupe du monde de football.



Vous pouviez vous les procurer sur Reggae-shop.fr ; Mais ca y est il n'y en a plus, on vous avez prévénu !

Il est temps de conclure ce dossier décomplexé sur les liens qui existent entre ces deux cultures très populaires que sont le football et la musique jamaïcaine. Il ne reste qu’à espérer qu’une nouvelle génération qui n’a pas connu le « I will survive » de Gloria Gaynor, chanté à tue-tête en 1998 par des millions de footix, pourra le remplacer par un ska frénétique ou un reggae envoutant... On peut toujours rêver.

Par Tibo et West indian
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