Nous vous proposions en novembre dernier quelques extraits en exclusivité de la biographie de Lee "Scratch" Perry par David Katz, traduite en français par l''écrivain Jérémie Kroubo-Dagnini, et sortie depuis aux Editions Camion Blanc sous le titre "Lee "Scratch" Perry: People Funny Boy". Ses 990 pages s'avalent sans difficultés tant l'artiste objet du livre est passionnant, et tant l'auteur de la biographie nous plonge avec génie dans la vie, l'intimité, l'entourage et la mystique de Lee Perry.
Cap sur le monde mystérieux de Monsieur Lee "Scratch" Perry, en compagnie de David Katz, auteur du livre...
Reggae.fr : Tu expliques que Lee Perry voulait que tu appelles le livre "The End of the Universe". Comme l'as-tu convaincu d'accepter de le nommer dans sa version originale "People Funny Boy The Genius of Lee 'Scratch' Perry " ?
David Katz : Et bien, Scratch comprend bien sûr l'importance de "People Funny Boy", pas seulement dans sa propre carrière, mais aussi dans l'histoire de la musique populaire jamaïcaine. Le titre de cette chanson fait aussi référence à sa personnalité et à sa vision des autres êtres humains - particulièrement dans l'industrie musicale. Cela m'a donc semblé être un titre naturel, et il n'a pas eu de problèmes avec celui-ci. Je pense que "The End of the Universe" est l'un des nombreux titres qui lui sont venus ponctuellement.
Peux-tu développer pour nos lecteurs l'importance de cette chanson "People Funny Boy" ?
Cette chanson a fait date pour plusieurs raisons. Notamment, c'est la première chanson de Lee Perry en tant que producteur indépendant. A l'époque, bien que travaillant de temps en temps avec Linford Anderson, Clancy Eccles ou encore Bunny Lee, il avait quitté Coxsone, Joe Gibbs et ne travaillait plus avec Prince Buster. Cette chanson représente donc les débuts de sa force de production indépendante. Par ailleurs, il s'agit d'un titre stupéfiant à plusieurs égard. Il a ce rythme poco qui a aidé à donner naissance au reggae; y sont inclus le son d'un enfant qui pleure (pas le sien comme c'est souvent affirmé), et des paroles très puissantes, chantées par Perry lui-même. Enfin, comme je l'ai déjà dit, les lyrics capturent un peu l'essence de la personnalité de Perry - il utilise sa musique pour exprimer son mécontentement vis-à-vis des gens qui abusent des autres. Ce morceau est une part de génie sonore.
C'est Lee Perry qui t'a demandé en 1987 de construire cette biographie. Cela ne t'a-t-il pas en quelque sorte fait rentrer dans l'histoire même de sa légende ? Qu'est-ce que tout ce travail accompli sur cette biographie t'a apporté personnellement ?
C'est vrai… Lee Perry m'a invité dans son univers personnel d'une façon que je n'aurais jamais pu imaginer, juste sur la base d'un article que j'avais écrit dans le Wiring Department au sujet de l'album "Battle of the Armagedon" et de la manière dont je l'avais approché pour faire une interview. Ma vie en a été changée à bien des égards. Je ne pense pas que je vivrais encore à Londres aujourd'hui sans l'intervention de Monsieur Perry dans ma vie. Par ailleurs la sortie du livre en 2000 a clairement marqué le décollage de ma carrière d'écrivain. Mais de manière générale, ma vie a été enrichie par le simple fait d'avoir passé du temps avec Monsieur Perry. Il a beaucoup de sagesse à offrir et a changé ma manière de voir les choses. On pourrait dire qu'il m'a aidé à être plus ouvert, à m'ouvrir aux étrangers et à ce qu'ils me communiquent, et à considérer que les choses n'arrivent pas par hasard mais dans un but précis… il y a beaucoup d'autres choses qu'on pourrait dire mais le plus important est qu'il m'a aidé à cultiver mes talents d'écrivain et de photographe. Je me suis aussi senti extrêmement honoré d'avoir pu entretenir ce lien d'amitié avec lui. Il y a eu également beaucoup de moments inestimables, comme tous ceux passés en studio et en voyage avec lui en Angleterre, Jamaïque ou en Europe…
A ton avis, qu'est-ce que ce livre a t-il apporté à Lee Perry ?
Je pense que ce livre l'a aidé à réhausser un peu son image, à cristalliser tout le travail qu'il a accompli, à mettre en lumière son incroyable musique et à mettre en perspective ce qu'il est, d'où il vient et où il a été.
Tu écris que Lee Perry savait que tu serais capable d'écrire sa biographie avant que tu ne le saches toi-même. Quand as-tu réalisé que tu y arriverais ?
Je crois que je l'ai réalisé quand je tenais un exemplaire de la première édition en 2000. Le processus a été tellement long et rempli d'écueils que par moment je n'arrive toujours pas à croire que je l'ai vraiment fait.
Quelles sont les principales difficultés que tu as rencontrées durant les douze ans de processus d'écriture du livre?
Tout d'abord, cela m'a pris plusieurs mois avant de considérer que j'étais la bonne personne pour cette tâche. En fait au début j'ai répondu à Scratch qu'il y avait bien d'autres personnes plus habilitées que moi à écrire sa biographie mais il insistait et son idée était fixe. J'ai alors passé deux ans en sa compagnie quotidiennement, à sa demande, et c'était hallucinant. Mais à cette époque, du point de vue de l'avancement du livre, c'était assez frustrant car il était très réticent à parler du passé - il fuyait même son passé à vrai dire, en ne répondant jamais à mes questions directement. Mais la plus grosse difficulté a été de trouver un éditeur prêt à prendre le pari de publier un livre sur Lee "Scratch" Perry, et à me fournir et m'avancer de quoi aller et faire les recherches nécessaires en Jamaïque et un peu aux Etats-Unis. J'ai reçu des lettres de refus pendant des années, pendant 10 ans exactement. Paradoxalement, même l'éditeur qui a publié la deuxième version anglaise en 2006, qui est encore régulièrement tirée, a réagi la première fois que je lui ai parlé de ce livre en disant: "Lee qui ?" ajoutant "si ce livre avait concerné Bob Marley, nous aurions pu le considérer plus sérieusement". Cela a donc été un grand soulagement quand j'ai finalement trouvé un éditeur qui savait qui était Lee Perry et à quel point il était important. Signer le premier contrat d'édition représentait beaucoup pour moi. Même si l'avance était peu élevée, elle a quand-même permis de voyager deux fois en Jamaïque, de rencontrer la famille de Perry, de fouiller dans son passé et même de passer quelques temps à New York pour y conduire plus d'interviews et y faire des recherches d'archives. Après tout cela, il a fallu écrire le livre à proprement parlé, ce qui m'a encore pris deux ans.
En tout, combien de voyages en Jamaïque as-tu fait pour le livre et y retournes-tu souvent ?
Pour mes recherches sur la biographie de Lee Perry, j'ai effectué mes deux premiers voyages en Jamaïque. Après la sortie de la biographie et avoir signé le contrat pour mon livre "Solid Foundation: An Oral History of Reggae", j'ai pu y aller d'autres fois et à un moment, je pense que j'y allais à peu près quatre fois par an. Je ne sais pas combien de fois j'y suis allé en tout mais j'ai toujours beaucoup à faire là-bas ; j'y vais pour écrire des articles de magazine, pour le lancement de mes livres, pour des conférences à l'Université des West Indies, pour les licences avec des labels, pour collaborer à la venue d'artistes en Europe etc… La Jamaïque est un endroit incroyable et fascinant et j'ai toujours plaisir à y aller.
Y a-t-il des informations sur Lee Perry que tu as décidé de ne pas révéler ou qu'il t'a demandé de ne pas diffuser?
Et bien… oui… Il y a eu des informations en particulier que Monsieur Perry et sa famille m'ont demandé de mettre de côté, et j'ai bien sûr respecté leur souhait à ce niveau.
L'énorme entreprise de recherches et d'entretiens que tu as menée pour cette biographie peut-elle être considérée comme achevée ?
Probablement pas - et certainement pas tant que Monsieur Perry est encore en vie, fait de la musique et de l'art.
Y a t-il des mystères encore non résolus ou des questions que tu voudrais lui poser ?
J'ai toujours toutes sortes de questions à l'attention de Monsieur Perry et dès que l'opportunité se présente, je les lui pose. Nous maintenons une bonne relation et des contacts réguliers, ce qui me permet de pouvoir lui poser des questions de temps en temps. Et lorsque, parfois, il veut que le monde soit mis au courant de quelque chose, il me contacte afin de l'exprimer pour lui.
Comment expliques-tu tous les problèmes de droits d'auteur apparus dans les années 60 en Jamaïque ? Ces difficultés ont, semble-t-il, amené beaucoup d'artistes à être aigris et ont provoqué beaucoup de ressentis entre les artistes ainsi qu'en eux, notamment chez Lee Perry…
Oui, c'est une situation compliquée. La législation sur les droits d'auteur était très pauvre et inappropriée jusqu'à assez récemment en Jamaïque. Et le peu de lois qui existaient n'étaient même pas complètement appliquées. La Jamaïque n'est pas le seul Etat dans ce cas, mais il est vrai que ce problème a particulièrement concerné le reggae. Dans la mesure où des artistes n'étaient pas informés sur les droits d'auteur et n'avaient aucune idée de comment marche le système de royalties et de combien ils étaient censés être payés pour leur travail, il est normal que de l'amertume se soit emparée d'eux. Concernant Lee Perry et les artistes avec qui il a travaillé, il y a toujours plusieurs points de vue sur ce qui s'est passé à l'époque et il est donc pour moi difficile de commenter tout ça avec certitude. Tu as remarqué dans le livre que plusieurs artistes se plaignent et que Perry rejettent les accusations de certains et pas d'autres. La situation entre Lee Perry et les Wailers est particulièrement confuse… Certains accusent Lee Perry d'avoir sorti certains de leurs disques sans leur autorisation en Angleterre mais selon moi, Perry a lui-même été victime de fraude ; ce sont les maisons de disque et les tiers qui doivent être considérés comme responsables…
Quel est, de nos jours, le sentiment de Lee Perry vis-à-vis de Bob Marley, sa carrière et ce qu'il lui a apporté ? Et concernant les frères Barrett et les Wailers en général, quel est son sentiment ?
Très bonne question, mais à laquelle aucune réponse ne peut certainement être donnée. Lee Perry ne cesse d'exprimer des sentiments contradictoires à l'égard Bob Marley. La dernière fois que je l'ai vu (il y a quelques mois à Brixton) il s'en prenait à Marley, et le fait que celui-ci aurait consommé de la cocaïne à la fin de sa vie, et que c'est cela qui lui aurait valu la mort et des choses comme ça. Mais Perry a toutefois clairement exprimé tout au long de sa vie l'affection exceptionnelle qu'il lui porte et je pense que c'est vrai. Perry est tout à fait conscient du fait que Bob Marley était très spécial et de la particularité de la relation qu'ils entretenaient. Il parle de Bob comme d'un frère qui a appris beaucoup de Perry. Bien qu'il mette souvent en avant sa séniorité et le fait qu'il ait été en quelque sorte le mentor de Bob Marley, Perry a également clairement indiqué avoir beaucoup appris à ses côtés. Perry a aussi eu l'occasion de parler très positivement de Peter Tosh, de même pour Bunny Wailer, dont il a été l'ennemi pendant longtemps et qu'il considère comme un très bon chanteur. Je crois qu'il est parfaitement conscient de la puissance et de la gloire du travail qu'ils ont tous accompli ensemble. Perry continue d'évoquer Family Man en particulier, mais aussi son frère Carly, avec beaucoup de considération. Quand je l'ai vu à Brixton, Il a aussi indiqué que le bassiste Boris Gardiner était la meilleure chose qui soit arrivée à la musique dans les années 70.
Etais-tu étonné d'entendre en 2009 que Lee Perry retournait en Jamaïque afin d'enregistrer un album avec les Congos ?
Tu sais, avec Scrath, on apprend à s'habituer à l'inattendu… mais c'était une bonne nouvelle. Je sais que les Congos avaient toujours beaucoup d'estime pour Scratch malgré les côtés négatifs et l'amertume du passé. Je pense que cela montre la manière dont Mediacom avait proposé le projet, leur dévotion et leur capacité à faciliter sa réalisation.
Selon toi, quelle est la source du profond et fort mysticisme de Lee Perry ?
Je crois que la nature mystique de Lee Perry trouve son origine dans son ascendance. Quand tu penses que sa mère était une Reine Ettu, à qui était confiée une danse sacrée dont l'existence et la mémoire a survécu toute la période de l'esclavage et le départ d'Afrique - danse utilisée pour communiquer avec les esprits des ancêtres afin de leur demander conseils - et bien je crois que son caractère et son système de croyance découlent directement de là. Cela a influencé sa vision de la vie, du monde et sa manière de créer.
En parlant de spiritualité, on voit bien que Rastafari est très important dans sa vie et sa musique. Le vaudou est aussi présent dans sa manière de travailler…
Perry est incontestablement un adepte de Rastafari, mais il envisage Rastafari de la même manière que le reste des choses qu'il approche, c'est-à-dire à sa façon, une façon unique et qui lui est totalement personnelle. Concernant l'aspect plus vaudou, c'est un peu ambiguë… Pour faire court, ce qu'il faut retenir c'est que "Obeah" fait partie de la psyché jamaïcaine et celle de Lee Perry aussi. Cette croyance dans l'esprit du monde est liée à l'idée qu'il existe des forces du bien et du mal qui influencent ce qui se passe sur notre terre. Mais il est difficile de clairement identifier les convictions de Perry en ce qui concerne le vaudou dans la mesure où il joue volontiers avec cette notion.
As-tu déjà vécu des expériences mystiques avec Lee Perry ?
Je ne suis pas sûr que l'on puisse évoquer une expérience mystique à proprement parlé mais je dirais qu'il est très perspicace… bien plus perspicace que la majorité des êtres humains. Il m'est arrivé de passer du temps avec lui à des périodes où il semblait être coupé du monde… mais le contraire est aussi vrai: il est capable de remarquer le moindre détail et de lire les pensées et les intentions de ses interlocuteurs, même avant qu'ils les aient exprimées. C'est troublant et difficile à décrire mais j'ai été témoin de cela plusieurs fois… De même, le voir débattre des questions religieuses les plus pointues avec des étrangers était poignant et très divertissant…
Comment décrirais-tu brièvement l'énorme influence de Lee Perry sur la musique jamaïcaine et d'autres musiques telles que le dub, le hip-hop, la punk, l'électro… ?
Concernant la musique jamaïcaine, on peut dire qu'il a activement participé à sa mutation, en la faisant transiter du rhythm and blues au ska, puis en commettant quelques titres cruciaux du rocksteady avec Prince Buster et Joe Gibbs, avant de donner naissance au reggae avec "People Funny Boy"… puis, en réalisant ses incroyables travaux avec les Wailers, qui les ont apportés au regard du monde extérieur et les ont préparés pour leur contrat avec Island… Il faut aussi retenir ses expériences anticipées avec le dub et l'art du deejaying… et puis avec la construction de son studio, il est allé tellement loin dans la profondeur et la texture du dub et du reggae… il était le pionnier de techniques qui ont influencé de plein de manières les producteurs d'autres musiques, en ce compris ce qu'on appelait l'ambiante de Brian Eno mais après cela aussi la transe, la techno, la house, le dubstep etc etc… Ses enregistrements en mode deejay préfiguraient déjà les travaux du rap américain… et bien sûr ses collaborations avec les Clash et "Punky Reggae Party" avec Marley ont également constitué des pierres angulaires de la musique en général.
Tu insistes en effet dans ton texte sur le fait que Lee Perry était et reste en avance sur son temps…
Oui, il était très en avance sur son temps en termes de techniques d'enregistrement. Cela était particulièrement vrai lorsqu'il travaillait en Jamaïque dans les année 60 et 70 mais cela reste aussi vrai aujourd'hui… même si cela se remarque moins dans la mesure où ses techniques sont complètement embrassées par les artistes avec qui il collabore. D'une certaine manière, ces autres artistes façonnent encore plus davantage que lui le résultat final.
De quelle période selon toi Lee Perry garde en lui les meilleurs souvenirs ?
Hmm… Je pense vraiment qu'il ne campe pas sur le passé. Il préfère vivre au présent et même dans le futur. Ce sont seulement ses fans et les journalistes qui veulent constamment le rapporter au passé.
Tu fais souvent référence dans le livre à la complexité des productions de Lee Perry. Quelle est selon toi son travail le plus complexe ?
Il y en a tellement… Un qui me vient à l'esprit comme ça est "Heart of The Congos"… tu as des couches et des couches de sons sur cet album… différentes voix se mélangeant à celles des Congos et beaucoup de percussions excessives, plus le meuglement d'une vache, plus des effets d'échos sur différents instruments et les voix… cette production est bien complexe ! Il en est de même du mix original de "Blackboard Jungle Dub" avec ses arrangements spatiaux. L'incroyable "Super Ape" est également compliqué… avec tout le travail du dub à partir des voix…
Nous croisons régulièrement Lee Perry. L'été dernier nous l'avons vu plusieurs fois en France et étions étonnés d'apprendre qu'il fumait à nouveau la ganja… Tu le savais?
Oui j'ai été très surpris de le voir fumer à Brixton et je me demandais si c'était parce qu'il voyageait sans sa femme… mais tout ce que je peux dire c'est qu'il entretient une relation compliquée avec la marijuana.
Quel meilleur souvenir gardes-tu de toutes ces années passées à travailler sur la biographie, rencontrer Lee Perry et interviewer tant d'acteurs de l'industrie musicale jamaïcaine ?
Il y a beaucoup de souvenirs géniaux mais le plus incroyable est probablement celui de l'interview de Lee Perry et Clement "Sir Coxsone" Dodd ensemble, à Studio One en Jamaïque, en la présence King Stitt, des Silverstones, Winston Jarrett, Earl "Bagga" Walker", et je crois que Leroy "Horsemouth" Wallace est passé aussi ce jour-là. En photographiant Lee Perry et Dodd, j'ai dû me pincer pour être sûr que c'était réel.
Si tu devais choisir trois morceaux ou productions de Lee Perry parmi sa discographie…
Trois productions majeures:
Lee Perry "People Funny Boy"
Bob Marley and the Wailers "Soul Rebel"
Lee Perry and the Full Experience "Disco Devil"
Si tu découvrais le reggae de nos jours, quels artistes voudrais-tu rencontrer ?
Il y a beaucoup de jeunes artistes que j'aimerais interviewer, mais peut-être pas pour en faire tout un livre. J'ai eu plaisir à rencontrer Etana, Tarrus Riley, Duane Stephenson, Raging Fyah, Don Corleon. J'ai hâte de parler à Protoje et Jah9, ainsi que beaucoup d'autres artistes…
Tu es américain mais tu vis à Londres depuis de nombreuses années… Je ne peux m'empêcher de te demander ta réaction quant à la démission de David Rodigan de Kiss FM…
Quand Kiss FM était une radio communautaire (j'entends par là une radio "pirate"), c'était fantastique. A partir du moment où elle a disposé d'une licence d'exploitation commerciale, les choses ont commencé à changer, bien que cela restait une très bonne radio. Au départ, il y avait trois émissions de reggae par semaine: celle de Joey Jay, celle de Mannasseh et celle de David Rodigan. Ce dernier avait également une émission quotidienne, avec une playlist généraliste. Ensuite, ils ont supprimé ce programme quotidien, ils ont stoppé l'émission de Joey Jay et ont viré Mannasseh. Ils ont alors diminué le temps d'émission de David. De trois heures, elle est passée à deux heures, pour ne durer plus qu'une heure… Et dernièrement ils voulaient déplacer son émission du dimanche de 23h à minuit (déjà mise au second plan) au dimanche de minuit à une heure du matin…. Je comprends la frustration de David Rodigan et je le respecte pour sa décision. J'espère juste qu'il lancera une nouvelle émission sur une autre radio.
Quels sont tes prochains projets ?
Je viens juste d'achever l'édition révisée de mon deuxième livre "Solid Foundation: An Oral History of Reggae" édité par Jawbone en Angleterre et aux Etats-Unis, et par Du Books au Japon. Je ne peux pas t'en dire plus car du lourd est à venir...
Big up David Katz