Inna De Yard
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Inna De Yard

On s'était réjouis du retour d'Inna De Yard en 2017, mais on ne s'attendait pas à un tel succès commercial. La troupe jamaïcaine a bien dépassé les cloisons difficiles à briser du milieu reggae en séduisant un large public et des médias pourtant habitués à bouder notre musique chérie. On s'en régale d'autant plus que ce triomphe permet au concept de réitérer l'expérience d'un album, cette fois accompagné d'un film réalisé par Peter Webber à paraître dans les salles obscures le 10 juillet. L'album quant à lui est déjà dispo et on le décortique ensemble.



La magie opère toujours autant ! La qualité sonore obtenue sur l'album The Soul of Jamaica, qui marquait la résurrection du projet, reste la même. Une fois de plus enregistrés en plein air sur la terrasse d'une maison perchée dans les collines jamaïcaines, les treize nouveaux titres véhiculent cette émotion propre à la musique acoustique. Du reggae à l'état pur, proche des premiers instants de création spontanés et féériques. Quelques nouvelles voix viennent renforcer la bande des habitués. Horace Andy livre le sublime Ain't No Sunshine, délicatement posé sur quelques notes d'accordéon, et les femmes ont (enfin ?) leur place dans le projet. Judy Mowatt revisite son mythique Black Woman aidée de la jeune Jah9 sur l'un des meilleurs titres de l'opus. On en aurait voulu plus, mais on sait tout de même s'en contenter et apprécier cette présence féminine à sa juste valeur.



L'émotion est le maître-mot de ce nouvel effort. Nos yeux scintillent à l'écoute du vibrant Ya Ho des Viceroys, sur lequel la voix du regretté Wesley Tinglin se fait entendre, et l'on ne peut s'empêcher de penser à Bo-Pee, un des guitaristes de la troupe, récemment décédé d'un arrêt cardiaque. Une sorte de malédiction entourerait-elle Inna de Yard ? On se souvient de la disparition du tromboniste Nambo Robinson – dont le souffle résonnait sur le précédent opus – quelques semaines avant la parution de ce dernier. Et que dire du décès tragique de Matthew McAnuff, lynché dans un combat de rue en 2012 ? C'est Inna De Yard qui lui avait offert son hit Be Careful en 2008. Une décennie plus tard, un vibrant hommage lui est rendu avec une refonte de ce tube interprété par son père Winston McAnuff en featuring avec Var et Derajah. Ce dernier rend lui aussi un merveilleux hommage à sa sœur assassinée sur le pas de sa porte avec l'incroyable Tribute to My Sister, connu des passionnés. Emotion on vous a dit ! Emotion et surprises ! Qui s'attendait à entendre Kiddus I reprendre L'Hymne à l'amour d'Edith Piaf ? L'auteur du mythique Graduation in zion déterre également l'excellent Survive, un de ses trésors enregistré dans les années 70 et dont les bandes, perdues, n'ont jamais été gravées sur disque. Ken Boothe quant à lui réinterprète son classique Everyhting I Own, un titre pas évident à revoir en version acoustique et pourtant très réussi. Lui qui avait eu droit à un volume Inna De Yard rien que pour lui en 2017 parvient encore à puiser dans son répertoire pour en sortir une nouvelle pépite.



La gloire d'Inna De Yard semble à nouveau assurée. Mélange de classiques (on a oublié de mentionner l'immense Fisherman des Congos), de découvertes (mention spéciale à la ballade Live Good signée Var) et de cadeaux inattendus, ce deuxième volet des aventures Inna De Yard depuis sa renaissance prouve la solidité de la musique jamaïcaine et sa capacité à plaire au plus grand nombre. La Jamaïque a son Buena Vista Social Club ! Vivement le film !

Tracklist :
01. Kiddus I - If You Love Me
02. Winston McAbuff - Malcolm X
03. Cedric Myton - Row Fisherman
04. Ken Boothe - Everything I Own
05. The Viceroys - Ya Ho
06. Horace Andy - Ain't No Sunshine
07. Judy Mowatt & Jah9 - Black Woman
08. Kiddus I - Survive
09. Cedric Myton - Rebellion in Heaven
10. Var, Derajah & Winston McAnuff - Be Careful
11. Derajah - Tribute To My Sista
12. Ken Boothe - Speak Softly Love
13. Var - Live Good

Par Ju Lion
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