Fatbabs - Interview This Love Is Forever
interview Roots 1

Fatbabs - Interview This Love Is Forever

À l’occasion de la sortie de son nouvel album This Love Is Forever, nous nous sommes entretenus avec Fatbabs pour revenir sur la genèse de ce projet ambitieux, ses prestigieuses collaborations internationales, ses souvenirs en Jamaïque et l’héritage de Naâman qui traverse tout le disque.

Reggae.fr : This Love Is Forever est un album dense, riche en collaborations. Comment est née l’idée de ce projet aussi ambitieux ? Je crois t'avoir vu écrire sur les réseaux que Naâman et l'équipe de Big Scoop t'avaient poussé à le faire. Raconte-nous.
Fatbabs : 
Le projet est né très spontanément. C'est surtout mon manager Peter qui m'a conforté dans l'idée de faire un album 100 % reggae. J'avais moi-même envie de revenir aux fondamentaux sans trop m’éparpiller dans différents styles, comme j’ai pu le faire dans mes autres projets. Cet album n’essaie pas de redéfinir les genres. Il a été fait avec le cœur et existe dans le but de diffuser un message positif. C'est tout simplement une énorme dose de love en musique. 

Comment as-tu choisi les artistes qui apparaissent sur le disque, en particulier les artistes jamaïcains ?
Tous les featurings du projet ont été choisis dans cette direction. Je tenais à ce que chaque artiste présent sur le disque soit proche de la culture sound system. Capleton, Queen Omega, Derajah, Walshy Fire sont des purs représentants de ce mouvement. C'est ce que je voulais amener avec This Love Is Forever, qu'on ait la sensation d'être en soirée sound en l'écoutant. 

Y a-t-il des artistes qui ont répondu négativement ou avec qui tu n'as pas réussi à t'organiser pour collaborer ? As-tu eu quelques déceptions, ou au contraire, ce ne sont que des occasions de continuer et de faire un éventuel volume 2 ?
Alors tout d'abord, il faut savoir que j'ai essuyé un nombre incalculable de "vu". Mais ce sont les aléas, et je le comprends tout à fait : les sollicitations, de nos jours, sont tellement nombreuses. En tout cas, ce disque m'a encore une fois prouvé que les connexions n'ont plus de frontières. De nos jours, tu n'as plus besoin de passer par dix étapes pour toucher un artiste. Même les plus grands consultent leur messagerie. Si tu fais du lourd, ça peut passer.


Est-ce que tu as tout composé avec une idée précise ou t’es-tu laissé porter par les rencontres ? Tu peux nous donner des exemples.
Non, chaque riddim a été réfléchi en fonction de l'artiste. Par exemple, Christopher Martin, je savais que ce genre de New Roots pouvait lui plaire. Idem pour Jah Lil ou bien encore Capleton, dans des registres différents. J'écoute énormément de musique et connais globalement leur discographie respective, alors je me suis orienté pour chacun d'eux vers ce qu'ils aiment, tout simplement. En termes de production, j'ai également fait attention à ce que chaque voix ait sa place pour briller. C'est Naâman qui m'a appris ça : "less is more". 




Justement, comment s’est passée la collaboration avec des icônes comme Capleton, Queen Omega ou Christopher Martin ?
Franchement, les collaborations ont grave dépassé mes attentes ! Chaque artiste s’est réellement investi dans mon projet. Pour Christopher Martin, par exemple, c'était fou. Je lui ai envoyé la prod et le lendemain midi, sans m’avoir répondu, il avait déjà enregistré la chanson. Pour Capleton, on a eu la chance d’aller carrément chez lui, et de filmer le clip dans sa rue. On a rencontré tout son crew, on a passé la journée tous ensemble. Pour Queen Omega, on avait le numéro de la manageuse et ça s'est fait très naturellement. Des grosses prods, du respect, des dollars jamaïcains, et tout est possible.

Je crois que le morceau Skanking Loud mérite aussi qu'on s'y arrête. Raconte-nous comment s'est fait ce morceau.
J'avais eu un coup de cœur pour Kimeco, que j'ai découverte grâce à une vidéo de Little Lion Sound, qui fait un travail extraordinaire sur la scène reggae internationale. C'est donc elle qui a posé le refrain en premier. Ensuite, je voulais un crossover France-Jamaïque, alors j'ai invité les amis Cheeko, Davojah et Vanzo. La track avait vraiment cette touche Yardie, alors j'ai contacté Walshy Fire pour l’introduire. En tant que MC du groupe Major Lazer, dont je suis très fan, je savais qu’il le ferait à merveille.




Quand tu es parti en Jamaïque, tu as réussi à enregistrer et clipper pendant ton séjour ou juste enregistrer ?
Nous sommes partis une semaine et on avait déjà toutes les chansons dans la boîte. On a fait que les clips sur place. Pour l’anecdote, notre réalisateur vidéo et ami, Valentin Campagnie, s’est cassé la cheville juste avant de partir. Quand on s’est retrouvés à Paris juste avant le vol, on n’était pas sereins. Fallait nous voir tous les trois en Jamaïque, avec le cameraman en béquilles… Mais il a tout donné, on a shooté dans les montagnes, chez Capleton, à la mer, partout… Rien ne pouvait nous arrêter. 




I Feel Your Love est un morceau très fort. Peux-tu nous raconter la genèse de ce morceau avec Naâman, Marcus Gad et Pressure Busspipe ?
Ça s'est passé en loge durant la dernière date de notre tournée d'été 2023. Juste avant de monter sur scène, Naâman a improvisé cette mélodie alors que Badman vibait à la guitare. C'était un moment de dingue, j'ai même posté une vidéo de ce moment sur les réseaux il n’y a pas longtemps. Quand j'ai eu envie de retranscrire l'émotion que je ressentais à ce moment précis en musique, j'ai repensé à cette soirée, fouillé dans les enregistrements et retrouvé ce refrain. J'ai ensuite invité Marcus, car je sais que Naâman avait une grande admiration pour son travail, et Pressure parce qu'on kiffe ce qu’il fait depuis des années. Ce titre incarne l’essence même de cet album : l’amour comme héritage. 


Tu proposes trois hommages à Naâman sur scène cet été, au SunSka le 2 août, au No Logo BZH le 8 août et au No Logo le 9 août. Qu'est-ce qu'on peut attendre de ces shows ? Avec quels guests ?
Ça va être une grande célébration de la vie et de l'œuvre de Naâman. On sera en mode DJ set avec quelques vibes acoustiques, car nous aurons la chance d'avoir avec nous deux musiciens du groupe Badman et Julian. De nombreux invités vont nous rejoindre également. On va jouer des exclusivités et chanter ses plus grands titres. C'est un prémisse avant de faire les choses en plus grand l'année prochaine. 


Le remix acoustique de Soldier avec Biga*Ranx est réservé aux éditions physiques. Pourquoi ce choix ?
Avec Big Scoop, on attache beaucoup d'importance aux formats physiques et on trouvait ça cool d'avoir un titre exclusif qui donne envie aux gens de se procurer l'objet. J'adore ce titre, il me rappelle une soirée de dingue sur l'île de La Réunion avec Naâman et Biga*Ranx, lors du tournage de Never Take

Quel est ou quels sont tes meilleurs souvenirs pendant le processus de création ou d'enregistrement de l'album ?
Bien évidemment, il y a eu tous ces moments où tu reçois les vocaux. Tu es comme un gamin à Noël en les écoutant pour la première fois, c’est magique. Ensuite, je dirais toutes ces heures passées en studio à composer les riddims avec les musiciens. Je bosse avec les mêmes gars depuis dix ans, on se connaît par cœur. Quand on rentre en cabine, c'est que du plaisir.




Que voudrais-tu que le public retienne de This Love Is Forever ?
Qu’il n’y a que l’amour qui compte. La musique transcende les frontières, et le reggae en particulier. Cet album a été conçu avec des artistes des quatre coins du monde, qui partagent les mêmes valeurs. Le message est universel : on crée le positif, car le positif attire le positif.

Si tu devais résumer cet album en une phrase, ce serait quoi ?
Ne lâche rien, l'amour vaincra. 

Quel est le rêve musical que tu n’as pas encore réalisé ?
Travailler avec Damian Marley et gagner un Grammy Award. 




Si tu n'étais pas musicien, que ferais-tu de ta vie ?
Sans doute commercial ou animateur de camping. Je vendais des antivirus par téléphone avant de rejoindre Naâman en 2012. Je t'avoue que je préfère largement donner du love. 

Un dernier mot pour les lecteurs de Reggae.fr ?
Un grand merci pour le soutien éternel et sans faille de tout le public français. On a créé quelque chose de très fort tous ensemble et ça n'a pas de prix.

Merci Fatbabs !


En tournée tout l’été aux côtés de Davojah et Cheeko, et avec trois hommages live à Naâman prévus au Sunska, No Logo BZH et No Logo Festival, Fatbabs nous rappelle que la musique peut rassembler. Surveillez les prochaines dates de la tournée : 

  • 26/07 – Festival Au Fil du Son, Civray

  • 02/08 – Sunska Festival, Vertheuil (Tribute to Naâman)

  • 08/08 – No Logo BZH, Fort Saint Père (Tribute to Naâman)

  • 09/08 – No Logo, Fraisans (Tribute to Naâman)

  • 15/08 – Kermes Festival, Barenton

  • 16/08 – Osmoz Festival, Saint-Aubin-sur-Mer

  • 14/09 – La Flume Enchantée, Gévezé

  • 11/10 – BADABOUM, Paris (Release Show) 

 

Par Propos recueillis pas LN
Commentaires (0)

Les dernières actus Roots