Garance festival - Bagnol sur Cèze #1
concert Roots 23

Garance festival - Bagnol sur Cèze #1

Garance festival, Bagnols sur Cèze 28 juillet-31 juillet 2010
 
"Kingston sur Cèze", en ce mercredi 28 juillet, la petite ville du Gard vit aux couleurs du reggae ainsi qu'à ses sonorités. 4 années après l'annulation du Ja Sound festival sur des suspicions de détournement fiscal (et une relaxe blanchissant les acteurs!), Garance productions a repris les choses en main sous la houlette de Jérome Levasseur (Zicalizes festival, etc.) en tant que directeur artistique. Et quelle programmation : Bunny Wailer, John Holt, Junior Byles, Inna de Yard, Toos & the Maytals pour les légendes du roots, Tarrus Riley, Alborosie pour la nouvelle génération et une brochette d'autres stars de la musique jamaïcaine. Cette liste comptant pas moins de 40 artistes! 
Ce festival se voulait également la démonstration d'une ouverture vers l'art, avec l'exposition Fluoman au centre de Bagnols sur Cèze, ou encore vers une prise de conscience écologique. Et l'alchimie entre musique et exposition a vraiment fonctionnée : Il est à dénombrer pas moins de 32 000 personnes sur le cumul des 4 jours (avec un pic à plus de 12 000 personnes pour le samedi!). Pari réussi pour Garance qui a fait planer sur la capitale (pour l'espace d'un week-end) française du reggae les couleurs vert-jaune-rouge. Retour sur ces quatre journées riches en émotion.
 
Mercredi 28 juillet
En pénétrant sur le site du Festival, on découvre les différents stands d’artisanat, de nourriture, de marchandising, le stand reggae.fr au top, et tout de suite une ambiance sereine propre aux festivals reggae se dégage. Les basses de Blackboard Jungle et OBF résonnent au fur et à mesure que l’on s’approche de la grande scène. Et là, surprise... personne sur la scène. La soirée se déroulera à la jamaïcaine, au sol avec les systèmes de son disposés en arc de cercle. 
Une déception pour certains, une originalité pour d’autres.


Après un petit set de Blackboard Jungle, les festivités commencent rapidement avec le sound jamaïcain Jahlove Muzik. Une première en France. Le selecta nous joue une belle sélection vinyles 100% roots animée par Culture Dan qui toaste de temps à autre sur certaines faces b. Puis le deejay jamaïcain bien connu des Français, Ras Daniel Ray fait son entrée sur une belle interprétation de « Get up Stand up ». Tous les membres de Jahlove Muzik semblent heureux de se retrouver dans cette configuration en France. Daniel et Culture Dan se partagent le micro dans une ambiance Rub-a-Dub. Back in the days comme on dirait à Yard ! Le jeune Derajah vient également nous montrer ses talents de deejay même s’il reste moins convaincant que ses pairs. La soirée prend un tournant décisif à l’arrivée de U-Roy et Cahrlie Chaplin. Il s’agit du King SturGav Sound System, le propre sound de U-Roy. Encore une exclusivité pour les massives français. U-Roy nous explique qu’il est très content de montrer à la France comment cela se passait dans les dancehalls jamaïcains à la grande époque des sound-systems. C’est Rico d’OBF qui se charge de la sélection SturGav. Striclty dubplates. Imaginez-vous : des specials de Cocoa Tea, Ed Fitzroy ou encore Pinchers animés par U-Roy himself. Les spécialistes se régalent. Charlie Chaplin et son « teacher » sur chaque version des dubplates joués. Chaplin est en grande forme et retourne littéralement l’audience. 


Après des dizaines de hits enchaînés sur des riddims tous plus classiques les un que les autres, place de nouveau à JahLove Muzik avec Brigadier Jerry et Josey Wales. Les deux deejays vétérans, légendes du Rub-a-Dub nous offrent une prestation de premier choix sur le Drifter riddim où Brigadier nous sort sa botte secrète : il double toutes ses syllabes comme s’il chantait dans l’eau. L’effet est impressionnant et l’ambiance décolle. Le selecta nous offre un hommage à Sugar Minott, mais le disque saute. Pas grave, c’est Briggie en personne qui se charge de l’hommage à cet artiste disparu quelques jours auparavant. Les riddims classiques du Rub-a-Dub et du digital y passent tous, Real Rock, Heart don’t Leap, ou encore Stalag où Brigadier nous explique que les Jamaïcains l’ont toujours appelé Stagalag riddim. C’est d’ailleurs sur ce riddim qu’il ose un clin d’œil à Bob Marley avec un medley (No Woman no cry, Redemption song ou encore Soul Rebel) ; Daniel Ray choisit lui de rendre hommage à Garnett Silk avec « Zion in a Vision ». 


Brigadier Jerry et Josey Wales auront ambiancé le festival pendant plus de deux heures. Une prestation qui retombe un peu sur la fin étant donné la densité de la soirée. Quoiqu’il en soit, les fanatiques repartent avec des souvenirs inoubliables et le festival commence sur les chapeaux de roue.

 
Jeudi 29 juillet
 
Tu Shung Peng
Les franciliens du Tu Shung Peng accompagnés de leur chanteur Ras Daniel Ray, que l'on a pu voir toaster avec King Stur Gav la veille comme un lion pendant toute la soirée, ont l'honneur d'ouvrir le bal des concerts sur le site. Et l'entrée en matière s'est transformée en véritable succès. Le public a afflué au fur et à mesure de leur set d'une heure sur les morceaux de leurs premiers albums dont le "man of the mountain" ou du second avec le puissant "vision love" sur leur trouble time riddim. A noter des nouveaux titres de l'album solo de Ras Daniel (à sortir début 2011) avec son "bring back the roots" ou encore "lazzy days". La surprise vient à la fin du concert en la personne de Clinton Fearon qui vient interpréter "songs of praises" avec brio. Le public est conquis, la vibe est puissante, contrat rempli pour Tu Shung Peng!
 
Inna de Yard
Chaque concert durant une heure et l'interlude 20 minutes, le timing est serré pour laisser la place aux artistes suivants. Clinton Fearon, sortant de scène après son apparition avec Tu Shung Peng, viendra nous rendre visite à l'espace presse pour quelques clichés, suivi par tout le crew de Inna De Yard. Ceux-ci resteront durant le séjour à l'entrée et au stand reggae.fr et se feront toujours disponible pour leur public en prenant des photos et signant des autographes.


C'est à leur tour de monter sur scène avec leur habituelle alternance entre chanteurs. Deux titres chacun et le suivant prend la relève. C'est Derajah qui s'y colle en premier avec ses tunes "Who yeah Yah" et "Well ah oh". Sa voix et son style plus ragga est un bonne mise en bouche pour le public qui se trouve captivé immédiatement. Suit Kiddus I et ses éternels "Salvation until" et "Graduation in Zion". Le style est beaucoup plus doux et là ce sont les paroles qui frappent forts. A noter le premier gros forward du public sur ce dernier titre.


Vient Matthew Mc Auff qui nous fait son habituel et pour le moins magnifique "be careful" d'une manière très énergique qui nous réveille après un moment plus posé. Le crew Inna de Yard s'est enrichi, pour cette tournée, d'un sage parmi les sages, et talentueux artiste : Clinton Fearon.

Parmi l'ensemble des artistes sur le festival, c'est celui avec lequel nous avons pris le plus de plaisir à parler. Se rendant très disponible pour le public, il ne comptait pas son temps pour poser, parler et rire. 


Et sur scène, le voilà qu'il interprète "rivers to cross" et une « oldies » de sa période The Gladiators : "Chatty chatty mouth". Le concert, avec ses alternances d'artistes qui au final permet de ne pas se lasser, se termine avec Cedric Myton et ses habituels "Forever young" et "Fisherman", repris par la foule. Le festival démarre sur les chapeaux de roue!


Jah Mason


Remplaçant Third World à la dernière minute, Jah Mason est l’un des rares représentants new roots des 4 jours. De quoi réveiller les festivaliers avec des tunes explosives. 


Mason nous livre un show habituel quoique très convaincant. Entré sur « Life is joyfull », il semble heureux d’être là et déterminé à impressionner l’audience. Backé par les marseillais de Dub Akom, il parcourt la scène de long en large en sautant et en déroulant ses hits tels que « Farmer Man », « Run Come Love Me », « My Princess Gone » ou encore « Weat & Tears ». Il nous livre une prestation explosive sur le Wipe out riddim avant d’inviter Anthony John pour un featuring bref mais intensif.


Matthew Mc Anuff et Winston Mc Anuff.
 Caporal Nigga & Mickee 3000 qui se chargent d’annoncer les artistes viennent nous expliquer que Junior Byles ne pourra pas être là mais nous assurent qu’il sera présent le lendemain. C’est donc la famille McAnuff qui le remplace au pied levé. Matthew (qui sera donc monté deux fois sur scène dans la même soirée !) se charge d’ouvrir pour son père. 


Il arrive avec un bébé dans les bras, le sien ? On en doute étant la couleur de sa peau et sa chevelure blonde. Un mystère. Peu importe, le fils McAnuff nous livre un set roots d’une qualité impressionnante. Il distille un reggae conscient et incisif avec une grande présence scénique.


Le seul petit bémol est que l’on a l’impression d’entendre « Be Careful » à chaque début de morceau. Il jouera d’ailleurs « Be Careful » dans un medley accompagné de son single steppa « If You Want War ». L’intégration des cuivres dans les riddims est très agréable. Malheureusement Matthew nous quitte au bout de 15 minutes pour laisser place à son père.


La transition est un peu triste. Les deux artistes ne se croisent même pas et ne partagent pas le micro. Le band (une formation étrange de Black Kush) joue quelques riddims et Winston fait une entrée triomphale. 


Comme à son habitude, en tant que véritable bête de scène, il se secoue dans tous les sens, se roule par terre. Il est en transe totale, même s’il ne remue pas en rythme avec la musique. Le public est halluciné... On a droit à « Rock Soul », extrait du très bon album Paris Rocking enregistré avec Java. Puis des morceaux plus anciens comme « Sun Setting in the sea » et des morceaux de son dernier effort « Nostradamus ». Il nous quitte sur le Unchained riddim en envoyant balader son micro dans un dernier soupçon d’excitation. Bluffant !

Barrington Levy
Nous avions rejeté dans son ensemble sa prestation ratée de l'an passé lors du Garance Festival à La Vilette. Nous l'attendions donc au tournant afin qu'il nous démontre vraiment ce qu'il sait faire. 

Et bien, nous pouvons déjà affirmer qu'il sait gâcher ses prestations. Son concert débute pourtant sur des notes agréables et véritablement intéressantes. Peu de gimmicks dont il a tant l'habitude, ses tunes sont parfaitement chantées. Il débarque sur "she's mine" avant de poursuivre sur "prison oval rock", "A Ya we deh", "21 girls salute", etc. 


Constatons que le Ruff Cut band fait un superbe boulot en supportant Barrington avec de bons moments mixs comme sur "under me sensi" où il fait bien participer la foule et ses "choubidabidabida". Il déclare "je fume mon herbe sans graine, la meilleure!". Ok, nous avons pris note, merci pour l'information! Le concert se déroule comme une croisière sans vagues. Il 
balance son anthem "murderer" qui reçoit un gros forward. Quelques "more and more" fusent par ci par là. Mais ce n'est que le début d'un long et interminable calvaire qui prendra fin 20 minutes plus tard. Nous entendons le fameux revolution riddim et ses surpuissants "black roses" et "here i come". 


La joie est visible sur les visages mais se transforme rapidement en fatigue. Toutes les deux secondes nous avons un petit "est que je peux rester?". Et bien à force de se faire désirer, on finit par se faire rejeter. Les faces des festivaliers se font de plus en plus lassées. Et puis voilà qu'il quitte la scène sans un mot. Etrange fin qui gâche un peu la belle prestations de la première moitié du show. Dommage.

Alborosie
Changement de scène et le Sheng Yeng Clan en prend possession pour clore une seconde soirée. Lorsqu’Alborosie est annoncé, la foule se déchaîne. C'est bien lui que tout le monde veut voir et qui va nous faire oublier le précédent concert. 


Le chanteur italien entre sereinement sur scène, prend le temps de saluer le public et entame son set avec « No Cocaine », extrait de son dernier album « Escape from Babylon ». Là encore les hits sont au rendez-vous. « Herbalist », « Rastafari Anthem », « Money », « Real Story », « Waan the ting ». Des hommages aux anciens avec « Police In Helicopter », « Irusalem » (joué sur le véritable riddim d’Alpha Blondy) et « One Love ». 


Puppa Albo s’amuse avec ses locks et met le feu à Bagnols lorsque les mixes à la batterie retentissent. Puis, il nous fait un discours sur la police : « Puppa Albo en a marre de se faire emmerder par la police à cause de la ganja » Il enchaîne logiquement sur « Policeman & Soldiers », puis encore logiquement sur « Opperation Upsalla ». Devinez la suite... « Free Rototom ». 


Les enchaînements sont un peu trop évidents, dommage. Le show était tout de même réussi, on regrette juste que la chanteuse I-Eye sensée l’accompagner sur « Mamma she don’t like you » ne soit pas intervenue.

(Suite dans la seconde partie du compte-rendu)

Par Djul, Semayat et WI, Photos Alex
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