Reggae français 2
À l'occasion de la sortie de la première biographie consacrée à Tonton David - Tonton David Le prince des débrouillards (disponible en précommande sur www.lalunesurletoit.com pour le recevoir avant Noël et sa sortie officielle en février), nous vous proposons chaque jour un extrait de l'ouvrage, signé Alexandre Grondeau.
Extrait du Chapitre 7
Chacun sa route
"Lors de la première réunion d’écoute des titres que les trois artistes et leurs équipes ont composés, tout le monde est soufflé, et Thierry Lhermitte le premier. Personne n’a voulu remarquer le décalage qui pouvait exister entre la bande de pirates qui accompagne Tonton et le lieu d’écoute, germanopratin et guindé. Pour donner une image qui résume l’ambiance et la scène, c’est un peu « Racailleland » qui débarque à Saint-Germain-des-Prés. Le succès a le don de réunir des gens venant d’horizons très différents. Chacun sa route, chacun son chemin met tout le monde d’accord. Le producteur-acteur a les yeux qui brillent, ses associés sur le projet sont surexcités. Ils ont tous compris que David vient de leur offrir un tube, une locomotive commerciale qui va contribuer à porter le film vers une popularité exponentielle.
Un seul bémol vient perturber la session d’écoute. David et son équipe sont intraitables. Le morceau sera reggae. Les discussions sont longues et argumentées, mais aucune négociation n’est possible. Chacun sa route, chacun son chemin est un titre reggae, ou il ne sera pas. La maison de disques ne l’entend pas ainsi, persuadée qu’elle peut infléchir l’artiste et son équipe. Elle ne mesure pas à qui elle a affaire, mais va vite l’apprendre à ses dépens. Elle fait mixer le morceau dans le dos de Tonton et se retrouve en conflit ouvert avec le chanteur. Éditeurs, producteurs, avocats, directeurs artistiques sont appelés à la rescousse. Rien n’y fait. David sait ce qu’il veut et il ne fait aucune concession artistique. Le deal est à prendre ou à laisser.
Au final, la production du film et la maison de disques sont obligées d’accepter les conditions de Vidda. Décision est prise d’aller mixer le titre au studio Léo (tenu par un ex-guitariste de Claude François), porte de Pantin, avec Timour Cardenas qui a déjà assisté aux prises son des voix de Vidda. L’ambiance est moins bourgeoise qu’à Odéon et Mabillon, mais le son et le matériel y sont aussi bons (le studio est équipé d’un 24 pistes et d’un 32 pistes à bandes), et les vieux amis ne sont jamais loin. Une partie du Ragga Dub Force est en effet présente dans un studio voisin de celui où Timour travaille. Ras Tea et Kodjo y ont également des locaux. Yovo et David valident la version définitive de Chacun sa route, chacun son chemin. Le travail est terminé à 5 heures du matin, et aussitôt un coursier est envoyé à la maison de disques. Il ne reste plus qu’à attendre le retour des pontes du film et de la major. Celui-ci ne vient pas. David et son équipe sont un peu surpris de l’absence de réaction. Yovo les relance, sans plus de succès. La raison est simple. Les grands chefs n’ont pas aimé le mix. Ils refusent de sortir le morceau en l’état. L’embrouille repart de plus belle. Tonton est prêt à sortir du projet, soûlé par ce qu’il estime être de l’incompétence."
Découvrez-en les autres premiers extraits en cliquant ci-après : Extraits 1, 2, 3, 4 et 5, 6 et7
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