Reggae Sun Ska 2013 2/2
DIMANCHE 3 AOÛT
Textes: LN, Sacha Grondeau, Djul; Photos: Carole Moreau, On The Roots (Aurore Cotterlaz et Kevin Buret), O2 Carpentier
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Dimanche 3 août, c'est déjà la dernière journée de festival, passé bien sûr trop vite en raison de l'annulation du vendredi.
C'est de nouveau Mungo's Hi Fi qui se charge de réveiller les camps dès midi dans le ON. Ils seront suivis pas Suns of Dub plus tard dans l'après-midi sur la scène Dub Foundation. Vieux Lion and the Spartans, Teldem Com'Unity et The Soul Sonics se succèdent sur la Scène Uprising.
Côté IN, on démarre l'après-midi avec les harmonies vocales du franco-portugais Rod Anton, accompagné par son band The Ligerians. Le band inspiré, délivre un roots majestueux que l'on a pu découvrir depuis 2012 et la sortie de l'album "Reasonin".
Suit Broussaï sur la scène Natty Dread. Changement de décors et autre ambiance pour les vainqueurs d'une Victoire du Reggae dans la catégorie meilleur album de reggae français avec "Kingston Town".
Cette année, l'équipe de reggae.fr en profite d'ailleurs pour remettre physiquement ces victoires aux gagnants programmés au Reggae Sun Ska dans le cadre des conférences de presse organisées chaque jour sur l'espace presse mis à disposition des journalistes couvrant le festival. Broussaï est donc le premier groupe de la journée à recevoir cette récompense !
Sur scène, le show du combo est de plus en plus rodé. Energique et généreux, ce new roots à la française a le chic de ravir les fans qui répondent présents ce soir. "Avec des mots", "Kingston Town" ou encore "Rebel Music" sont autant de tunes habilement interprétés.
Patko a de nouveau l'honneur de monter sur scène pour un featuring de nouveau très réussi sur le titre "Contraste et Couleurs". L'esprit et l'ambiance sont festifs et conscients.
Pour notre plus grande joie, le groupe joue son titre "Elle m'accompagne", sorti en inédit il y a quelques semaines sur le Génération H Riddim, recut du célèbre Revolution Riddim que le band a plaisir à interpréter. Autre belle surprise, précisément sur ce riddim, Naâman (également présent sur la série Génération H) est invité par Tchong et Karma à monter sur scène pour littéralement mash up le riddim !
Naâman est un des invités de cette journée. Non prévu initialement dans la programmation officielle, il est quand-même présent et donne un showcase de quelques morceaux avec son compère Fatbabs sous la tente du label Soulbeats Records.
Leur mixtape sortie en 2012 "Deep Rockers" (avant la sortie en 2013 de l'album Deep Rockers, Back A Yard) ayant permis au combo de remporter la Victoire du Reggae de la révélation de l'année en février dernier, on en profite pour leur offrir la coupe qui accompagne cette récompense.
On reste en mode sound system sur la scène Rebel Music, avec The Rezident, qui back les excellents Soom T et Papa Style. Skarra Mucci est également de la partie mais backé par son selecta Sebastian. Tous ces artistes se connaissent bien sûr très bien depuis le Raggamuffin Revival Tour qui les a réunis l'hiver dernier.
Skarra Mucci se caractérise par sa générosité sans faille, son set est toujours aussi bon et ses tunes raggamuffin, associés à sa voix clairement ressemblante à celle de Shaggy, nous font toujours autant frémir.
Son album "Return of the Raggamuffin" a été élu meilleur album dancehall de l'année 2012. Lui aussi a droit à sa Victoire du Reggae !
Du côté de Soom T et Papa Style, on apprécie leur manière d'alterner pendant leur show orienté reggae digital. Leur complicité est indéniable, le show électrique !
Ils se retrouvent ensemble le temps d'un morceau posé sur un recut du Policeman Riddim de Joseph Hill. Ce single sortira d'ailleurs à la rentrée. En solo, Papa Style pose quelques uns de ses meileurs morceaux et bien évidemment son tune joué le Génération H riddim, le public chavire !
Revenons sur les deux scènes où des shows live d'exception se tiennent ce soir.
18:10 Third World débarque sur la scène One Love. On s'étonne de ne pas reconnaître Bunny Rugs au chant, et pour cause, il est malade et n'a donc pas pu voyager pour la tournée européenne du groupe. C'est AJ Brown qui le remplace pour l'occasion. Il est bien sûr accompagné par Richard "Bassie" Daley, Stephen "Cat" Coore, Tony "Ruption" Williams, Norris Webb et Maurice Gregory.
Third World n'en reste pas pour autant moins un groupe solide et capable du meilleur. "Mr Reggae Ambassador" recueille de gros forwards. Le Pull Up est obligatoire. "96° Degrees in the Shade" arrive vite dans la set list. Tous les musiciens se retrouvent autour d'un micro et semblent improviser. C'est un beau moment de live.
On se délecte de longues séquences purement musicales et de Cat Coore au violoncelle.
Gentleman et son groupe "The Evolution" enchaînent. Il vient de sortir un nouvel album "New Day Dawn" et joue quelques titres (dont "Remember" notamment) de ce qui constitue jusqu'ici l'opus le plus personnel de l'artiste.
Sa prestation est très généreuse. Il descend carrément dans le public sur "Dem Gone" et "Superior".
L'une des autres nombreuses têtes d'affiche de cette dernière soirée est Ky-Mani Marley. On l'a déjà vu il y a quelques jours au Garance Reggae Festival et son show est assez habituel. Il l'entame notamment par "The Final Countdown" et interprète de nombreuses reprises de son père. On peut regretter ce manque de d'originalité mais le public semble adhérer.
On attribue toutefois une mention spéciale au titre "One Love" qu'on entend rarement en version ska !
Le public en a déjà pris plein la vue ce soir. Or, les festivités sont loin d'être terminées puisqu'à partir de 21h30 vont se succéder Dub Inc, Steel Pulse et Sinsemilia sur les deux grosses scènes.
Et c'est l'ouragan Dub Inc qui ouvre les hostilités.
Le plus gros groupe de reggae français a sillonné pas moins de quatorze pays cet été, avant la sortie de "Paradise", son nouvel album, le 14 octobre prochain.
On se souvient encore de l'énorme prestation du groupe il y a deux ans sur la même scène, alors en fin de la tournée "Hors Contrôle".
De fait, Dub Inc s'internationalise, autant dans ses déplacements que dans son chant et son show.
Comme au Garance une semaine auparavant, la bande de Bouchkour et Komlan a mis le public sur orbite.
Et comme au Garance une semaine avant, c'est Steel Pulse qui prend le relais quelques minutes après la fin du show des stéphanois.
Steel Pulse entre en scène et nous procure une flopée de hits: "Rally Round", "Chant A Psalm" ou encore "Raid Blues Dance".
David Hinds, habillé de manière toujours aussi excellente et colorée, déploie son énergie positive et contagieuse. Il développe même un petit jeu de scène avec son saxophoniste. Les lyrics engagés de Steel Pulse, portant la cause du peuple noir et de son épanouissement, résonnent dans tout le festival sur "Black and Proud" ou "Steppin' Out". Le public s'enflamme !
Sinsemilia, groupe vétéran de la scène reggae en France clôture les shows live du Reggae Sun Ska. Mike, Riké, Natty et toute la clique sont plus soudés que jamais et on sent qu'ils ont envie d'être à la hauteur de cette seizième édition.
Les "papas" du reggae français étaient déjà là à la première édition du Reggae Sun Ska (tout comme reggae.fr, ce qui ne nous rajeunit pas) et ce soir ils vont rappeler qu'ils faut toujours compter sur eux, que leur énergie scénique se bonifie comme le bon vin, et que leur prochain album prévu pour la fin 2014 risque de faire mal, très mal….
De "Tout Ce Qu'on A" en passant par leur célèbre reprise de "La Mauvaise Réputation" de Brassens, Sinsemilia touche juste et le public répond présent. Ils proposent même aux chanteurs de Dub Inc de partager quelques minutes avec eux sur scène… mémorable…
Entre temps, depuis 20:00, la scène Rebel Music n'est pas en reste ! Au son ragga hip hop de Soviet Suprem, succède tout d'abord Tiwony.
L'année 2013 fut une énorme année pour l'artiste ragga dancehall. D'abord consacré aux Victoires du Reggae pour son album "Difé Lyrical" élu meilleur album de reggae local sorti en 2012, celui-ci a aussi réussi un beau coup double en étant programmé sur les deux plus gros festivals reggae de France. A la différence du Garance, il produit ici un show sound system et non live, mais dont il détient également toutes les clefs. L'artiste passe en revue sa pléiade de big tunes et on note que "La Panacée", son nouvel hymne pro-ganja, remporte un énorme forward tout comme son titre "Big Up".
Ce sera ensuite au tour d'un des artistes les plus sympathiques de la scène reggae UK, Macka B, de prendre d'assaut la scène Rebel Music. Toujours présent, toujours aussi dynamique, l'artiste anglais passe en revue sa discographie avec une belle énergie !
Pendant que le show de Sinsemilia bat son plein sur la scène Natty Dread, Yaniss Odua s'engage dans ce qui sera le dernier show de tout le festival ! L'artiste martiniquais, accompagné par Bloody Lion à la sélection des riddims, a décidé d'offrir l'un de ses meilleurs shows aux massives présents.
Les drapeaux rouge, jaune et vert, à l'effigie de Yaniss Odua flottaient déjà dans les airs depuis la veille, et les fans de l'artiste martiniquais sont regroupés ce soir devant la scène Rebel Music.
De "Rabat-Joie", à "Rumbaton" en passant par le titre "Moment Idéal", les morceaux claquent et s'enchaînent !
Mais Yaniss, toujours aussi généreux, n'en reste pas là, et propose une séquence revival avec notamment "Qui Est Ce Qui", posé sur le Savage Riddim, datant du début des années 2000.
La fin du show arrive et l'anthem "La Caraïbe" retentit, repris par les milliers de spectateurs agglutinés devant la scène. Yaniss est décidé à ne pas en rester là.
Les premières notes de "Chalawa" sont joués et le public devient fou. Le titre inédit de Yaniss posé dernièrement sur le Génération H Riddim, fait l'effet d'une bombe ! Le public connaît déjà les paroles alors qu'il ne circule que depuis quelques semaines sur le net !!!
Le final est incandescent avec le titre "Rouge Jaune Vert", joué devant des centaines de drapeaux qui s'agitent pour saluer cette chanson entrée directement comme standard de l'artiste. La surprise vient de derrière la scène d'où apparaît une trentaine de porteurs de drapeaux pour un feu d'artifice de couleurs !!!
Yaniss terminera le show dans le public. A 01h15, le festival s'achève sur ses notes festives et positives !!
L'after backstage peut alors commencer, avec Skarra Mucci à la tête de son sound system, Dee Buzz, qui va enflammer l'espace VIP. On reconnaît tous les activistes du reggae motivés pour fêter comme il se doit cette nouvelle édition : radios spé, sites web, artistes, bénévoles, organisateurs !!!! On aura même droit à un passage de micro entre Skarra Mucci, Volodia, Papa Style, Komlan des Dub Inc et Yaniss Odua… La bringue finira très tard ou tôt dans une ambiance vraiment cool, à l'instar de celle véhiculée par l'équipe de M'A Prod (encore bravo à Marie-Eve et Sophie pour la manière dont elles gèrent depuis des années ce backstage presse, à Juliette, Sarah, Marlène, Alex, Natalia, Fabienne, Roger, Vianney, Yoann, Xabi, Ben, Ludo, Thomas, tous les autres qu'on ne peut citer et bien sûr à Fred qui malgré les épreuves ne perd jamais son sourire….).
On a déjà hâte d'être là pour la dix-septième édition !!!
LES POINTS A REVOIR
Avant toute chose, il faut saluer le sérieux et le professionnalisme des autorités et des organisateurs, qui ont préféré annuler une première journée de festival plutôt que de risquer le moindre problème. Quand on a vu la tempête qui a ravagé Pauillac une semaine auparavant on comprend l'importance de la décision… Et si tout a été plutôt bien géré ce vendredi, on aurait aimé que le préfet prenne sa décision peut-être un peu avant. Deux heures avant l'ouverture des portes : c'est un peu juste...
La programmation éclectique, qui est l'une des signatures de ce festival, a de nouveau montré qu'elle était la clef du succès. On regrette néanmoins, et dans cette perspective éclectique, ne pas avoir vu programmée une tête d'affiche internationale comme cela avait été le cas les dernières années avec Damian Marley ou Stephen Marley. On pense bien évidemment au crew Major Lazer qui retourne tout sur son passage depuis qu'il a commencé sa tournée, à l'artiste Snoop Dog qu'on a vu au Summerjam ou même et pourquoi pas à Manu Chao. Au niveau des exclusivités, quelques noms pourraient faire le bonheur des festivaliers l'année prochaine. On pense à Shabba Ranks, vu l'année dernière au Reggae Geel par exemple.
Côté accueil des festivaliers et organisation des transports, on ne peut nier les énormes efforts que le Reggae Sun Ska a fait depuis l'année dernière, où il avait été dépassé par le doublement de son affluence, les conditions sanitaires ayant été en conséquence difficiles pour le public. Cette année, des sanitaires supplémentaires ont été prévues. Le site a par ailleurs été entièrement repensé afin d'accueillir plus de festivaliers dans le camping officiel. En dépit de ces efforts, des critiques sont de nouveau survenues, relatives notamment au camping réservé au camion, et aux quantités de navettes ramenant les festivaliers du site à leur campement chaque soir. Les douches à 1 euro n'ont pas non plus beaucoup plu. Le comportement des festivaliers doit cependant être aussi montré du doigt parfois, quant à la gestion de leurs déchets. Nous ferons le bilan comme chaque année, avec Fred Lachaize, le directeur du festival, d'ici quelques semaines.
Un grand merci aussi à toute l'équipe de Reggae.fr présente au Sun Ska cette année et qui vous a ramené images, lives, photos, compte-rendu, interviews et acoustiques : Lénie, Carole, Aude, Aurore, Kevin, Djul et Sacha .
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