Garance festival - Bagnol sur Cèze #2
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Garance festival - Bagnol sur Cèze #2

Vendredi 30 juillet
 
I Jah Man



I jah man fait son entrée sur le Rockfort Rock riddim. Habillé tout en treillis, il est venu distiller la bonne parole à Bagnols, mais peu de personnes sont au rendez-vous à cause de l’horaire avancé. I jah man ouvre en effet cette troisième journée. Dommage pour un nom aussi prestigieux. Le roots est puissant, deux claviers confèrent une dimension early dance hall à la musique profonde de l’artiste. Discret, souvent en retrait et peu communicatif, il assure tout de même le show avec le mysticisme qu’on lui connaît.



Son tube « Jah Heavy Load » est joué d’une manière un rien trop rapide et perd malheureusement de son efficacité. I jah man quitte la scène sur un outro interminable. Une fin de concert en demi-teinte. Pas grave, le reste de la journée s’annonce prometteur. Pour les plus désireux de voir Ijahman sur scène, celui-ci sera au New Morning, à Paris, le 9 octobre 2010.


 
Junior Byles
L’auteur de « fade away » ne s’est plus produit sur scène depuis quelques années et s’était retiré en Jamaïque. Quel honneur de le voir à la programmation du vendredi soir ! L’attente est récompensée puisqu’il interprète son hit d’entrée puis Fade Away, Beat Down Babylon, Curly Locks & A Place called Africa. Mais la déception est d’ors et déjà présente : La voix est hésitante, abîmée, voire inexistante tandis que Junior déambule sur scène, totalement absent. Le physique fait peine à voir ; Junior Byles est très maigre, affaibli et tout tremblant. Le public est très respectueux : une atmosphère mystique se dégage, on ressent beaucoup de respect, de compassion et d’admiration de la part du public.



Malgré cela, le concert dure en tout et pour tout 15 minutes et en un clignement d’œil, Junior s’éclipse de la scène puis va errer dans le public, laissant par la même occasion son band improviser. Sangie Davis, le guitariste, assure la fin (plus d’une demie heure) du concert sur des airs de Bob Marley & the Wailers ainsi qu’avec des compositions plus personnelles. Garance avait mis les moyens (paiement d’une aide psychologique depuis plusieurs mois) pour amener Junior Byles. Au final, on peut s’interroger sur l’intérêt d’avoir déranger ce vieillard qui visiblement n’avait pas sa place sur scène.


Le prestige du nom au détriment de l’artistique (pourquoi ne pas avoir amené Konshens, Bushman ou The Viceroys pour les plus anciens ?) a été des plus risqués. Au vue du résultat, on est partagé entre la joie d’avoir vu Junior Byles, la tristesse de le voir dans cet état là et la déception de ne pas l’avoir plus longtemps. Quoiqu’il en soit, il s’agit d’un temps fort du festival. Nous venons certainement d’assister aux derniers pas de Junior Byles sur une scène.

 
Toots & the Maytals

Le concert commence avec Pressure Drop sur un tempo ultra rapide. On a peur que Toots joue tout le concert à cette vitesse. Mais on est vite rassuré par la suite. Toots est très élégant : veste blanche à paillettes et bandana de ninja. Visiblement, il est l’un de ceux que le public attendait particulièrement étant donnée l’affluence impressionnante. Les rythmes ska de certains morceaux font voler la poussière. Toots déroule un répertoire varié d’une voix puissante. On a l’impression qu’il pourrait se passer de son micro tant sa voix résonne.


« Sweet & Dandy », « Reggae Got Soul », « Funky Kingston » en version blues ; le show est très dansant. Et la fin sera carrément explosive avec « Big Monkey Man » et bien sûr « 54-46 ». Les Maytals ont frappé très fort ce soir. Certainement la meilleure impression du festival pour le moment.


John Holt
Et voici pour sa première apparition sur le sol français, l’un des compositeurs les plus prolifiques du lovers rock et du roots, John « 2000 volts » Holt. Accompagné par le Dub Asante Band pour l’occasion, Copeland Forbes annonce une expérience unique. Arrivé sur « love I can feel », John Holt n’a cessé d’interpréter des titres lovers. Habitué à un public chantant les couplets avec lui, il se trouve devant une foule bien plus timide avec la langue de Shakespeare.



Nous avons le droit à ses tunes « doctor love », « If I were a carpenter », « Time is the master », « In the morning of my life », « Mr Bojangles », « Stick by me » (énorme) ou encore « wildfire » que Dennis Brown nous avait habitué à reprendre. John Holt le précise à juste titre. Il ne cesse de nous demander quelles chansons nous voulons écouter. Les réponses sont démonstratives de la faible connaissance de l’artiste. Certains répondent « man next door » et il l’interprète a capella.


La fin approche et le titre que tout le monde attendait retentit. « Police in Helicopter » reçoit le plus gros forward du festival sans aucun doute. Sans être un concert mémorable, c’est bel et bien un show agréable qui se termine avec son tune « Ali Baba ». Pour son premier concert en France, John Holt n’a pas démérité et nous rêvons désormais à une date futu où il pourra interptérer Strange Things, Man Next door, Hooligan, OK Fred, Ghetto girl et d’autres encore tubes encore !


Spyda Team
 
Caporal Nigga & Mickee 3000 ont enfin l’occasion de s’exprimer en tant qu’artistes après avoir joué les speakers tout au long du festival. Ils envoient un ragga-dancehall très énergique même s’il est peu inspiré. Malgré le fait que le mode sound-system soit mal adapté à une scène aussi grande, ils parviennent à maintenir l’attention du public plutôt receptive… certainement car juste après, c’est l’ouragan Raggasonic qui est annoncé.


Raggasonic

Et quell ouragan ! Le duo francophone est en grande forme. Après une intro du band à la jamaïcaine avec un medley de quelques riddims classiques, Daddy Mory et Big Red débarquent sur le Stalag riddim avec leur tube “Aiguisé comme une lame”. Et des tubes on en aura. Même les plus réfracatires au style Raggasonic se surprennent à connaître et même fredonner les paroles du duo. “Les Riches”, “Pas de coke pas de crack”, “Il faut légaliser la ganja”, “J’entends parler du sida” sont autant de hits que Mory et Red enchaînent avec une complicité surprenante.



Les riddims sont interprététs à la perfection et les deux toasteurs réclament souvent des mixes pour enflammer le pulic. Malgré des interventions moyennes et repetitive, le public adhere à 100 %. Le concert se termine avec deux nouveaux titres de Daddy Mory. On attend maintenant le nouvel album de Raggasonic prévu pour début 2011….


Tarrus Riley

Pas de chance pour Tarrus Riley, le public était venu pour Raggasonic ce soir. Le concert commence avec pas mal de retard alors qu’une bonne partie du public a déjà quitté les lieux. En plus de cela, le début avec la traditionnelle intro de Dean Frazer au saxophone est un désastre puisque le micro de ce dernier ne marche pas. Le problème technique est réparé juste avant l’entrée en scène du gentleman du new-roots.


Comme lors de sa tournée au mois de février, il débute avec Lion Paw. La plupart du show restera d’ailleurs inchangé. Toujours autant de charme, de charisme et d’humour. Tarrus séduit les massives encore présents lorsqu’il plaisante avec le public et ses musiciens. On sent tout de même que le timing est serré et le chanteur ne s’attardera pas. Mais les hits sont là “Start a new”, “She’s Royal”, “Beware” couple avec “Living the life of a gun”. Tarrus harangue la foule à coup de “PAN PAN PAN” à la manière de Joe Lickshot. Le clou de la soirée arrive en fin de show avec “Good Girl Gone Bad” où l’ambiance décolle réellement.


Tarrus a encore démontré qu’il est l’un des tous meilleurs sur scène. Dommage que si peu de personnes y aient assisté.




Samedi 31 juillet 2010
 
La fin du festival approche et cela s’en ressent sur l’ambiance générale. La fatigue se lit sur les yeux des festivaliers. La journée a également mal commencée : Mavado est finalement annulé sans que cette annulation soit justifée. C’est une grande déception pour les amateurs de dancehall qui espéraient s’enflammer un peu au milieu de ce line up roots et conscient. Le selecta de Jahlovemusic ainsi que les DJ Culture Dan, Josey Wales, Charlie Chaplin et Brigadier Jerry sont appelés à la rescousse pour palier à ces imprévus.



Turbulence

Après une longue intro hors de la scène. Trublence fait une entrée tonitruante sur « Rest a Show ». On s’attend d’ores et déjà à un concert explosif. Et on ne sera pas déçu. Le singjay n’hésite pas à puiser loin dans son répertoire et nous offre des titres tels que « Vampire », « Ethiopia » sur le 007 riddim et même « Life is not a game » sur le Doctor’s Darling. Il sait que ces riddims plaisent au public et n’hésitent pas à les pull up.



Turbulence offre certainement la prestation new-roots la plus énergique (et quasiment la seule malheureusement) de ce festival... mais la plus courte aussi. Après seulement 30 minutes, il quitte la scène sur son hit « Notorious ». Le public est un peu absaourdi, mais pas le temps d’être déçu puisqu’on enchaîne tout de suite avec Luciano avec le même band : le Jah Messanjah Band.

Luciano

Après cette demi-heure de folie, le Messenjah débarque sur scène mystifiant tout sur son passage. En une heure vingt de show, Luciano va démontrer une nouvelle fois sa maîtrise du sujet avec un des concerts les plus puissants du week-end : Interactif, musical et communicatif sont les descriptifs qui colle parfaitement.



Si la liste des titres ne diffère pas et qu’aucun titre de son nouvel album n’est interprété, l’artiste est dans une forme olympique : Saltos, sauts d’enceinte en enceinte, etc. Au niveau titres, là aussi c’est chargé avec ses habituels « over the hills », « messenjah », « ulterior motive », les puissants « for the leaders », « give praises » et « silver and gold » ou ceux titrés de son précédent album « Jah is my navigator » et « Jah live ». Il prend son temps pour rendre un poignant hommage à Sugar Minott.


Le public prend du plaisir à écouter Luciano, ce dernier le lui rend bien : Le voilà qu’il saute de scène pour aller s’allonger dans la foule. La sécurité est affolée ! Sauvons le soldat Luci ! Ceci aura été court, mais bien assez rare pour le souligner. Il feint de quitter la scène avant de revenir interpréter un dernier morceau en guise de final.




Big Youth

Le légendaire Deejay jouera avec le même band que Junior Byles, le Pon Fire Bad, toujours avec Sangie Davis à la guitare. Après une magnifique intro au melodica, Big Youth apparait sur le Satta Massa Gana riddim.



En tant que bon deejay, il pousse des cris stridants et revisite tous les plus grands riddims de l’histoire du reggae : Stalag, Marcus Garvey, Three blind mice, Hit the road Jack... Il nous montre aussi ses talents de chanteurs sur « Every Nigger is a Star ». Flanqué d’un sourire permanent, il laisse le soin aux premiers rangs d’admirer sa célèbre dentition.



Il nous offre également une interprétation puissante de ses deux tubes « S 90 Skank » et « Screaming Target ». Le deejay vétéran a apporté une vague de fraicheur chargée d’histoire. Un excellent moment.



 
Bunny Wailer

Le Solomonic Orchestra entre sur scène et joue une longue intro ska. Comme toute bonne légende vivante, Bunny Wailer se fait désirer.



Il chauffe la foule en dehors de la scène et apparaît enfin vêtu d’une grande cape blanche, flanqué de quelques bandeaux rouge or vert et les dreadlocks enveloppées en couronne. Son charisme fait tout de suite effet. Malgré tout, on sent que le dernier survivant des trois Wailers a vieilli. Il a perdu sa légendaire énergie scénique.



Cela fait tout de même plaisir de pouvoir encore le voir sur scène. Il nous joue quelques uns de ses hits personnels tels que « Rastaman », « Dreamland », « Rootsman Skanking » ou « Cool Runnings » qui ont tout de même moins de portée que les morceaux des originaux Wailers. Bunny réveille l’assemblée sur une interprétation très dancehall du African Beat riddim avant de faire un petit discours sur Trenchtown. Place donc aux morceaux des Wailers puisque c’est dans ce quartier qu’il a grandit avec son demi-frère Bob Marley. On a droit à « Trenchtown Rock » bien sûr, mais aussi « Simmer Down » et « Keep on moving » sur lequel il quitte la scène.


 
Jah Cure

Place au dernier concert de ce festival. Il était temps, on commençait à fatiguer. Jah Cure semble très attendu, mais autant le dire tout de suite, sa prestation ne sera pas à la hauteur des attentes.
Les tubes sont bien au rendez-vous : « Sunny Day », « King in this Junle », « Nuh Builg great man ». Mais Jah Cure manque de conviction. Il ne se déplace presque pas et fait le strict minimum. Plus qu’à son habitude, il abuse de son romantisme et ne séduit que les quelques groupes des premiers rangs.
Il nous dit au revoir sur « Longing For » mais tout le monde sait qu’il va revenir. C’est le cas. Et il termine sa prestation avec le nouveau mais néanmoins moyen « Call on me » et le très bon « What will it take ». Une clôture de festival un peu décevante.




Le Garance reggae festival se clôture sur un franc succès. Certes l’échec de Junior Byles, la poussière présente les quatre jours, les prix assez élevés des consommations et quelques agressions dans le camping sont à dénombrer mais ils ne viennent pas ternir le tableau d’ensemble qui reste très positif. L’affluence a belle et bien été au rendez-vous avec sur l’ensemble avec plus de 32 000 festivaliers de toutes les nations européennes, unies sur un seul et même créneau : Le Reggae. Le site du camping était plutôt agréable, le son était particulièrement bien réglé (ce qui est assez rare dans les concerts reggae et mérite d’être noté), les artistes accessibles qui se baladent dans le public et une ville entière qui vit au rythme du reggae (hum les bonnes odeurs à la terrasse des cafés et des restaurants). Nous rêvons d’ores et déjà à de futurs plus sereins pour les artistes et les promoteurs de notre musique mais également à un Garance Reggae Festival tout aussi attractif. A l’année prochaine avec une aussi belle affiche et on l’espère un peu plus de new-roots et de dancehall car le reggae est une musique bien vivante, il ne faut pas l’oublier !

Par Djul, Semayat et WI, Photos Alex
Commentaires (6)
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Par Rasta One le 23/09/2010 à 17:03
Magnifique la dernière photo!!! Bravo au photographe :D
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Par Rasta One le 23/09/2010 à 17:03
et...Big Up au rédacteur..
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Par loob86 le 24/09/2010 à 11:29
Nice report ! Dommage qu'il n'y ai pas un mot sur le Dub Station Corner...
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Par semayat le 24/09/2010 à 17:26
Eh Loob, on t'a laissé le soin de t'en charger :) On se recroise là bas l'année prochaine!! Big up rasta one, merci pour ces mots, çà fait plaisir de partager le ressenti de ce super festival!
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Par jerome rootsmangg le 25/09/2010 à 23:39
merci pour ce report tres realiste !!!! effectivement !pour moi aussi avis partagé sur la programmation de junior byles . en l'espace d'une fraction de seconde la larme a l'oeil et les poils dréssés dés sont entrée sur scene ont vite laissé place a un grand sentiment de tristesse a voir ce monument du reggae dans un tel etat . un gros big up au publique qui a ete tres respectueux !!!! et au organisateurs du garance qui malgré tout nous ont fait vivre un moment inoubliable
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Par Roots Dawta le 04/10/2011 à 03:00
Comment rejoindre le photographe?

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