Reggae français 2
À l'occasion de la sortie de la première biographie consacrée à Tonton David - Tonton David Le prince des débrouillards (disponible en précommande sur www.lalunesurletoit.com pour le recevoir avant Noël et sa sortie officielle en février), nous vous proposons chaque jour un extrait de l'ouvrage, signé Alexandre Grondeau.
Extrait du Chapitre 10
Faut qu’ça arrête !
" À la fin des années 1990, le monde de la musique change sous l’effet des technologies du numérique et le mouvement reggae évolue également. Les récents succès populaires de Raggasonic, des Nèg’Marrons, celui de groupes comme Sinsemilia et Tryo ou de certaines compilations ragga font réfléchir toute l’industrie de la musique, jusqu’au puissant Skyrock, dont le patron, Laurent Bouneau, fait tester par ses équipes le slogan « Skyrock, premier sur le reggae ». Côté public, les retours sont excellents, mais côté marketing c’est la bérézina. Le reggae souffre de son image, de sa réputation, et de clichés dont il est parfois affublé : musique de pauvres, de révolutionnaires, de fumeurs de joints, voire d’homophobes… tout ce que les annonceurs détestent et fuient. Le projet est enterré avant d’avoir pu voir le jour. La scène reggae ne s’en remettra jamais totalement, malgré les succès à venir considérables de Nuttea et de Pierpoljak.
Le téléchargement illégal constitue également un nouveau problème pour l’industrie du disque. Napster, Soulseek et tous les logiciels de peer-to-peer sont présentés comme une menace mortelle pour un secteur qui était dynamique et plus que rentable jusque-là. Les internautes deviennent des pirates, à télécharger llégalement de la musique, et les labels commencent à rendre leur contrat à des artistes qui ont pourtant fait leur richesse. Pour les rares chanceux à être conservés, les mesures d’économie et de restrictions seront drastiques. Ce qui est arrivé à la compilation Sans limite est un avant-goût de la manière dont les choses vont désormais se passer. La façon d’appréhender la musique et le business a complètement changé et David le voit bien. Par moments, la nostalgie et la lucidité se font trop fortes.
« J’ai eu beaucoup de chance d’arriver à une époque où on pouvait garder de la fraîcheur. Mon expérience dans la musique est tellement belle : j’ai voyagé partout, j’ai rencontré des gens passionnants, j’ai fait des collaborations prestigieuses. Mais quand je regarde ce qui se passe maintenant... On fait croire à nos jeunes que tous peuvent réussir. On fait du jetable, on fait du McDonald’s. Avant, quand tu faisais de la musique, tu faisais un album, tu allais en studio, tu restais avec les musiciens longtemps. Aujourd’hui, c’est fini. Il y a des beatmakers qui te disent qu’ils ont la recette [ironique]. Ils savent tous comment cartonner. Avant, dans une maison de disques, tu rencontrais un mec qui avait cinquante ans et des histoires de fou à raconter sur plein de monde. Aujourd’hui, tu as un mec de trente ans en face de toi qui sait tout sur tout, qui t’explique comment il va changer ta vie. C’est énorme... » "
Découvrez-en les autres premiers extraits en cliquant ci-après : Extraits 1, 2, 3, 4 et 5, 6, 7, 8, 9 et10.
Pour découvrir le reste du livre :
